Hier, à Aït Yahia et Ath Ahmed, on pouvait remarquer la présence de citoyens venus de plusieurs wilayas, comme l'indiquaient les plaques d'immatriculation des véhicules arrivés de Batna, d'Oran, de Béjaïa, de Relizane, de Sétif et de Saïda pour ne citer que celles-là. En prévision des grandes funérailles prévues vendredi prochain, toute la commune d'Aït Yahia est en pleine effervescence. Un immense chantier a été installé depuis deux jours déjà pour assurer la grande toilette qui sied à ce genre d'événement. Plusieurs équipes de travailleurs de l'APC et des subdivisions des travaux publics de la région sont à pied d'œuvre pour nettoyer les coins et recoins des deux villages Ath Ahmed et Ath Yahia, le chef-lieu communal. Devant le siège de l'APC, des immondices entassés à même le mur de la mairie ont été enlevés par les services communaux. À quelques encablures d'Aït Hichem, une grande décharge publique qui a de tout temps enlaidi les lieux, au grand dam des citoyens scandalisés par cette plaie béante, est en train de subir un coup de déblaiement radical avec d'importants moyens logistiques, de gros engins des travaux publics tels que les bulldozers, les niveleuses et les camions de gros tonnage réquisitionnés par les services de la wilaya de Tizi Ouzou. "Finalement, il était tout à fait possible d'embellir le décor d'Ath Yahia, mais il a fallu attendre la mort de Hocine Aït Ahmed pour venir à bout de toute cette saleté qui empoisonnait la vie du citoyen", dira un représentant de la section FFS d'Aït Yahia. À l'entrée du village d'Ath Ahmed, d'autres engins s'attaquent à des petites collines de remblais et de détritus pour les mettre à ras du stade. C'est à cet endroit appelé Thissirth N' Cheikh que sont prévus, à en croire les membres de la famille du défunt, une vaste esplanade où sera exposée la dépouille mortelle ainsi qu'un grand chapiteau pour accueillir les autorités officielles et les centaines de personnalités qui viendront rendre un dernier hommage à Si L'Hocine qui ira ensuite rejoindre sa dernière demeure, au mausolée de Cheikh Mohand Oulhoucine. Tout le monde est mobilisé, dans la région, pour réussir des funérailles à la hauteur du grand chef historique que fut Aït Ahmed. Depuis jeudi, les autorités locales des communes et des daïras environnantes ainsi que de la wilaya ne cessent de sillonner le petit village d'Ath Ahmed pour coordonner les préparatifs et décider d'ores et déjà du trajet officiel afin d'assurer un bon déroulement des obsèques et d'assurer la sécurité des délégations officielles. Au milieu du tumulte et du bruit incessant des pelles et des pioches, le neveu de Hocine Aït Ahmed rappellera une belle anecdote du regretté Si L'Hocine : "Nous étions à Oran en 1991 en pleine campagne électorale, quand un riche propriétaire proposa à Aït Ahmed de mettre à sa disposition tout un bâtiment et une imprimerie... Le leader du FFS le remercia vivement en lui rétorquant qu'au FFS tout le travail se fait avec une grande solidarité et chaque militant ramène sa propre pierre pour construire un même édifice." C'est ainsi qu'hier, à Aït Yahia et Ath Ahmed, il a été remarqué la présence active de citoyens et de personnalités venus de plusieurs wilayas comme l'indiquaient les plaques d'immatriculations des véhicules arrivés de Batna, d'Oran, de Béjaïa, de Relizane, de Sétif et de Saïda pour ne citer que celles-là. Par ailleurs, "le comité d'accueil de la commune a déjà prévu un service d'ordre constitué de centaines de jeunes volontaires de plusieurs villages pour canaliser la grande foule et respecter ainsi les derniers vœux de Si L'Hocine pour que les funérailles se déroulent dans le calme et la sérénité", rassure Boussad Aït Ahmed, un proche du défunt, qui ira jusqu'à affirmer : "Dans notre village, nous n'avons pas besoin de protocole car ici la sagesse et la paix sont garanties." À noter que la logistique sera assurée grâce à la mobilisation des comités de villages et des associations de la région, comme l'exigent les traditions ancestrales de Kabylie. Un vieux militant du FFS ne s'est pas empêché de clamer que "finalement, la mort de Si L'Hocine que toute la région pleure, aura servi de déclic pour l'hygiène de tous ces douars qu'il aimait par-dessus tout et qui s'empressent d'ores et déjà de l'accueillir à bras ouverts". L. B.