Les enquêteurs de la GN ont évité une grosse pandémie au sein des familles, des hôtels, des salons de coiffure et des cliniques d'accouchement. La valeur marchande des saisies dépasse 50 milliards. C'est un véritable coup de filet qui a été opéré dans le milieu du médicament contrefait et périmé, dans le Grand-Alger. Selon le rapport de l'enquête menée par les éléments de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab-Djedid (Alger), et dont Liberté détient une copie, il s'agit "des investigations déclenchées suite à des activités commerciales douteuses dans plusieurs endroits de la capitale, impliquant plusieurs personnes activant dans le domaine de l'import-export, le commerce de gros et de détail de produits de fabrication étrangère et qui possèdent des dépôts et des flottes de transport, notamment des camions". Il s'agit, notamment, des communes d'Alger-Centre, d'El-Kharouba, d'Hussein Dey, d'El-Harrach, de Baraki et de Cherarba où des mouvements suspects de plusieurs personnes exerçant le commerce d'import-export depuis le port d'Alger à destination d'Alger-Est ont été repérés. Après plusieurs jours de filature, les officiers enquêteurs "ont réussi à localiser l'endroit du stationnement de ces camions chargés de médicaments et celui du déchargement et du dépôt", indique le même document. Après quoi, les enquêteurs de la SRGN ont procédé à la surveillance du propriétaire des lieux. Malgré les assurances de l'existence de ladite marchandise, ces officiers ont préféré s'investir dans le renseignement et l'obtention d'un mandat de perquisition du principal garage où ces produits dangereux pour la santé publique étaient entreposés. La procédure engagée, "les enquêteurs élaborent un plan minutieux pour saisir la marchandise avant sa commercialisation sur les marchés et différents endroits de la capitale, surtout que l'opération intervient à la veille du réveillon", précise-t-on. Six laboratoires mis sur l'enquête Au fait, ces importateurs indélicats misaient leur gain sur des produits pharmaceutiques très sollicités durant cette période, d'autant que ces médicaments échappent à tout contrôle médical, des produits cosmétiques destinés aux salons de coiffure pour dames ainsi que des produits et fortifiants et des herbes médicinales de beauté ou pour maigrir. L'assaut donné dans les entrepôts, les gendarmes de la SRGN tombent sur des quantités énormes de médicaments. Il s'agit, selon le même document, de 1 800 000 unités de viagra périmées, 325 500 boîtes de fortifiants pour maigrir (perte de poids), 147 108 boîtes de fortifiants alimentaires, 7 200 boîtes de produits médicaux pour retarder la grossesse et 8 752 bouteilles de Kératine et lisseurs utilisés dans les salons de coiffure pour dames. Parallèlement, les enquêteurs de la SRGN ont récupéré un camion de marque Sonacome, d'un véhicule de type Iveco, d'un véhicule Kia 4X4 et d'une importante quantité de produits suspects conditionnés dans des cartons sur lesquels les importateurs ont apposé des étiquettes pour chaussures de sport et chaussures pour femmes afin de tromper la vigilance des douaniers. L'analyse des échantillons à l'Institut de la criminologie et de la criminalistique (INCC-GN) de Bouchaoui et de cinq autres laboratoires, dont l'Institut Pasteur, le laboratoire national des produits pharmaceutiques, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), le laboratoire de qualité et le laboratoire national chargé de la répression des fraudes, a révélé que ces médicaments ne répondent pas aux formules chimiques et biologiques de par leurs composants. Autrement dit, les composants, notamment bouteilles de Kératine et lisseurs, sont cancérigènes. Contacté par nos soins, le colonel Abdelhamid Kerroud, chargé de la communication à la GN, a indiqué que "les analyses ont démontré que ces produits sont des fortifiants sexuels, de différents types fabriqués par plusieurs pays, dont la majorité provient de Chine". Parmi les fortifiants sexuels, figurent des comprimés cédés à 200 DA l'unité à Alger et des sachets contenant des herbes pour la détente du corps, des bouteilles en plastique contenant du shampooing pour cheveux et leur repousse utilisé dans les salons de coiffure et de beauté, dont les tarifs varient entre 20 000 et 60 000 DA la bouteille. Le mis en cause (Z. H.) a été arrêté et présenté devant le tribunal d'El-Harrach, son associé, un individu identifié, est, lui, activement recherché. Du reste, la SRGN de Bab-Djedid (Alger) a ouvert une enquête au sein du port d'Alger — par où ces conteneurs de médicaments ont transité — pour établir les complicités. F.B.