Résumé : Lyès ne peut partir sans rien lui dire. En fait, il lui apprend la nouvelle et la prie de l'accompagner. Au début, elle refuse, mais elle finit par se laisser convaincre par âami Ali et Yamina. Le temps de prendre quelques affaires, d'appeler un taxi, et ils partent... Comme Selma l'appréhendait, elle souffre du mal de transport. Le taxieur avait une conduite nerveuse et la jeune femme a envie de vomir à chaque fois qu'il donne un coup de frein. Lyès est perdu dans ses pensées, semblant l'oublier parfois. Elle laisse sa vitre baissée pour respirer à pleins poumons sans que cela la soulage. Dire que quelques années plus tôt elle avait fait ce trajet en sens inverse. Si on lui avait dit à cette période qu'elle repartirait voir sa belle-famille elle lui aurait ri au nez. Mais la voilà sur la route, le taxi réduit le nombre de kilomètres, la rapprochant de ceux qui l'avaient maltraitée durant des mois et des mois. Qu'ils soient entre la vie et la mort ne la touchaient pas. Elle n'éprouvait pas de joie, juste de la rancœur. Elle leur en voulait depuis si longtemps. Même si elle était partie, à chaque fois qu'elle pensait à Samir, elle pensait aussi à eux. Elle imaginait alors qu'il était avec eux. Le destin s'était vengé sur elle. Il s'était brouillé avec eux, et si elle n'a pas revu son fils, eux aussi. Les briseurs de foyer allaient être déçus en les voyant ensemble. Ils allaient réaliser qu'après tout, ils sont faits l'un pour l'autre et que rien ne pourra les séparer. Ils vivront ailleurs, loin d'eux. - Qu'y a-t-il ? À quoi penses-tu ? - À tout, à rien. En fait, finit-elle par avouer, à tout ce qui nous attend. Je ne te cache pas que j'ai peur... Et s'ils arrivent à te convaincre de revenir vivre chez eux, car ils ont besoin de toi ? - Selma, on ignore s'ils s'en sont sortis vivants ! réplique Lyès. Il n'est pas question de retourner vivre avec eux mais de voir comment ils vont ! Selma hausse l'épaule. - Moi je veux revoir mon fils ! J'ai hâte d'arriver ! Je n'en peux plus de ce voyage ! - On passe en premier à l'hôpital, dit Lyès. Après, tu l'auras pour toi, pour longtemps ! - Inchallah ! Ils ne tardent pas à arriver à destination, et Lyès montre le chemin qui mène jusqu'à l'hôpital. Il règle la course. Selma le suit à l'intérieur en traînant les pieds. Il se renseigne à la réception. - Votre mère vient d'être réopérée. Elle est âgée et fragile. Votre père est en réanimation ! L'infirmier a un sourire désolé. Lyès et Selma se rendent vers la salle d'attente et trouvent son frère, ses beaux-frères. Ses sœurs se tiennent en retrait. Elles pleurent silencieusement. L'attente est angoissante. Quand elles les voient, elles se lèvent pour accueillir Lyès, sans un regard pour la jeune femme. Selma redresse la tête et se tient en retrait. Son beau-frère s'approche d'eux, reprochant d'un regard aux sœurs d'avoir sauté au cou de Lyès. Ce dernier, bouleversé, ne remarque rien. - Que disent les médecins ? Pourquoi ils réopèrent maman ? - Elle a fait une hémorragie. - Pourquoi tu lui réponds après tout ce qu'il lui a fait ? intervient Kader, le frère aîné. Retournez vous asseoir ou je vous renvoie à la maison ! Tu peux repartir ! - Mais qu'est-ce qui te prend de leur parler ainsi ? s'écrie Lyès. Un infirmier les interrompt. Son père est revenu à lui. Mais il est très faible... (À suivre) A. K.