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4e partie
Denia
Publié dans Liberté le 30 - 11 - 2015

Résumé : Selma est propulsée quelques années en arrière. Les souvenirs lui reviennent et la bouleversent. Même si elle parlait à son ex, il ne la croirait pas. Elle ne lui avait jamais raconté les misères et les humiliations qu'elle avait vécues en son absence. À son grand malheur, sa mère l'avait encouragée à le fréquenter.
Selma s'était rendu compte de la gravité de la situation quelques semaines après. Leur effusion charnelle avait donné fruit. La jeune fille en avait fait part à sa mère qui s'était mise à la frapper. Elle lui interdit de sortir.
-Ce n'est pas parce que tu es la fille d'une veuve que tu devais te croire tout permis ! Quand je t'ai dit de le fréquenter, c'était pour qu'il s'accroche à toi, pas à ce que tu te retrouves enceinte de lui alors qu'il n'y a rien d'officiel entre vous !
À l'insu de Selma, elle s'était rendue chez la famille de Lyès pour s'entendre avec eux. Elle s'était arrangée avec eux pour que le mariage soit rapidement fêté.
Selma n'était pas retournée au lycée. Les deux familles ne voulaient pas qu'ils se revoient. Lyès devait passer le bac et tous tenaient à ce que rien ne vienne le perturber. Le mariage eut lieu après les examens du bac.
Les événements s'étaient vite enchaînés, ne laissant pas le temps à la jeune fille qu'elle était de réfléchir. Elle était trop jeune pour réaliser ce qu'impliquait un mariage arrangé. Elle aimait Lyès et ce dernier le lui rendait bien. Ils étaient heureux et insouciants. Tous deux dépendaient de ses parents. Lorsque ces derniers décidèrent qu'il irait à la fac et subviendrait à ses besoins par ses propres moyens, Lyès accepta. Il exigeait d'eux qu'ils prennent soin de sa femme. Les commérages allaient bon train et Lyès avait demandé à sa mère de ne pas emmener Selma aux fêtes afin qu'elle n'en souffre pas. Lyès ignorait alors que sa mère se chargeait de glisser dans ses discussions tout ce qui se disait sur son compte. Selma en avait beaucoup souffert. Une grande partie de ce qui se racontait était vraie. Elle avait jeté la honte sur sa famille et failli gâcher les études de Lyès. Selma ne savait pas se défendre. Elle subissait la méchanceté des autres et n'avait personne pour la conseiller et la protéger.
Les querelles entre elle et sa belle-mère commencèrent lorsqu'elle déclara avoir des douleurs au dos. Elle ne pouvait même pas quitter le lit, et cela n'empêcha pas ses belles-sœurs et belle-mère de la forcer de se lever. On la brimait pour un rien, parfois devant toute la famille, mais toujours en l'absence de Lyès.
Selma était seule. Même sa mère ne venait pas lui rendre visite. Elle n'avait jamais compris pourquoi. Elle qui n'avait jamais connu le besoin se retrouvait sans rien. La bonne élève qu'elle était devenait le souffre-douleur de la belle-famille. Lyès venait une fois par mois. Sa famille l'accaparait, elle le voyait à peine. Ils avaient réussi à les séparer bien avant qu'elle ne décide de tout abandonner.
Il lui a fallu du temps pour comprendre que sa mère ne l'avait pas armée pour affronter la vie. Malgré toutes ses bonnes intentions, les coups durs de la vie étaient tombés sur elle. Elle s'était retrouvée mariée et mère à la fleur de l'âge.
Baya avait cru bien faire en arrangeant leur mariage. Elle lui avait caché avoir donné l'appartement à la famille de Lyès, persuadée que les mariés viendront y vivre. Elle faisait confiance à Lyès et elle ne se doutait pas qu'elle se ferait avoir. Elle voulait éviter le déshonneur et toutes deux se retrouvaient sans rien au final. Selma se croyait capable d'endurer toutes les misères jusqu'à ce que Lyès finisse ses études. Elle espérait sa réussite, persuadée qu'il sera sa planche de salut. La vie qui grandissait en elle comblait le vide qu'elle ressentait autour d'elle. Elle se découvrait un nouvel amour. Même si elle côtoyait Lyès une fois par mois, elle l'aimait de tout son être. Il était plein de sollicitude envers elle. Il aurait été un meilleur mari si ces parents les avaient laissés vivre leur vie. Lyès était patient et tolérant avec elle, même quand elle était maladroite. Mais parfois, elle surprenait son regard lointain. Elle se demandait s'il les considérait comme un fardeau qu'il devrait porter toute sa vie.
Il n'était pas là quand elle eut les premières contractions. Personne à qui confier ses peurs lorsqu'on l'emmena au bloc opératoire. Il n'y avait qu'Allah, et parfois elle se surprenait à croire qu'Il l'avait oubliée...
(À suivre)
A. K.


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