La révision constitutionnelle "sera suivie de l'élaboration et de la discussion de plusieurs projets de loi qui en découleront, en vue de faire progresser encore davantage l'Etat de droit", a indiqué le chef de l'Etat. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, hier, en Conseil des ministres, un "agenda politique très chargé" pour l'année 2016. Un agenda qui prévoit notamment la très attendue révision de la Constitution qu'il avait promise depuis 2011 avant d'en faire le point focal de sa campagne électorale, menée par procuration par le Premier ministre, pour son quatrième mandat. "Le projet de révision de la Constitution constituera dès le début de la nouvelle année, un grand moment dans la vie politique et institutionnelle du pays", a déclaré le président de la République, selon le communiqué rendu public à l'issue de la réunion du Conseil des ministres. Il a ajouté que "cette révision sera suivie de l'élaboration et de la discussion de plusieurs projets de loi qui en découleront, en vue de faire progresser encore davantage l'Etat de droit, et notamment, la protection des droits et libertés, ainsi que la régulation du pluralisme démocratique". Autrement dit, le chef de l'Etat s'engage à concrétiser les réformes "profondes" qu'il avait promises au lendemain du Printemps arabe (2011). L'avant-projet de révision de la Constitution, rappelons-le, avait été validé lundi dernier, par le président Bouteflika au cours d'un Conseil restreint qui lui avait été exclusivement consacré. Le Président parlait d'une révision "substantielle" de la Constitution dont l'avant-projet sera soumis au Conseil constitutionnel pour "avis motivé sur la procédure par laquelle ce texte sera examiné et adopté par le Parlement". Il a été précisé que cette révision constitutionnelle marquera "des progrès dans plusieurs domaines, parmi lesquels le champ politique et celui de la gouvernance". Le texte, précisait le communiqué du Conseil restreint, sera, par ailleurs, adressé "dans les prochains jours aux personnalités, partis politiques et associations consultés au cours de sa préparation, et sera porté à la connaissance de l'opinion publique par la voie des médias". "La consolidation de l'unité nationale autour de notre histoire, de notre identité et de nos valeurs spirituelles et civilisationnelles, dans la promotion des droits et libertés des citoyens et le renforcement de l'indépendance de la justice" ou encore "l'approfondissement de la séparation et de la complémentarité des pouvoirs" et "l'accès de l'opposition parlementaire aux moyens d'assumer un rôle plus actif, y compris par la saisine du Conseil constitutionnel" sont les grandes lignes déclinées par le président de la République dans cet avant-projet encore inconnu de l'opinion publique. Une réponse sibylline aux "19-4" L'avant-projet de Constitution promet également la "dynamisation des institutions constitutionnelles de contrôle, au service de la transparence dans les domaines économique, juridique et politique de la vie nationale et la mise en place d'un mécanisme indépendant renforcé et de surveillance des élections au service de la démocratie pluraliste". Le chef de l'Etat n'a, par ailleurs, pas manqué, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue hier, d'inviter le gouvernement à "intensifier la communication institutionnelle de sorte à expliquer à l'opinion publique la réalité des mutations engagées ou à venir, qui ne remettront nullement en cause la souveraineté nationale sur l'économie du pays, ni ne prédestineront les entreprises stratégiques au désengagement de l'Etat, et que l'opinion nationale soit assurée également que ces mutations ne remettront pas en cause l'option de la solidarité et de la justice sociale". Pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens, le Président a chargé le gouvernement de "lancer l'application du crédit à la consommation pour la production nationale, et de prendre les dispositions requises pour atténuer l'effet de l'augmentation des prix des carburants sur le transport et sur les activités agricole et halieutique". Le discours du Président se veut ainsi une réponse sibylline aussi bien au groupe des 94 parlementaires opposés aux dispositions de la LF 2016 qu'au groupe des "19-4" qui s'interroge sur "ses capacités" à gérer le pays. F. A.