L'union nationale des fonctionnaires de l'enseignement supérieur affiliée au Snapap vient d'emboîter le pas au Cnes, en rejetant les mesures incitatives décidées par le ministre, Rachid Harraoubia, portant, entre autres, sur l'allocation de primes allant jusqu'à 100 000 dinars aux universitaires et la révision à la hausse du nombre de bourses à l'étranger. Le geste ostentatoirement triomphaliste du ministre, à l'annonce de ces avantages accordés à la communauté universitaire, ne semble guère convaincre les enseignants qui martèlent que les préoccupations sont plutôt ailleurs. Les professeurs et autres assistants réunis sous la bannière du Snapap (syndicat autonome) s'inquiètent de la dangerosité des problèmes qui rongent l'université. “Le Snapap s'inquiète gravement de la situation délicate dans laquelle se trouve le secteur”, s'alarme ce syndicat dans un communiqué rendu public, hier, par son secrétariat général. Comme leurs collègues du Cnes, les enseignants de cette organisation dédaignent presque les mesures annoncées par Rachid Harraoubia qu'ils considèrent comme une “illusion”. En l'occurrence, la dernière sortie médiatique du ministre où il “montre, soit disant, l'intérêt accordé au secteur n'est qu'une illusion, car ni les enseignants ni les ATS n'ont besoin et n'ont revendiqué, à aucun moment, les stages à l'étranger pour qu'une enveloppe financière conséquente leur soit allouée”, souligne le communiqué du Snapap rejetant par là même les solutions préconisées par Harraoubia. Pour ce syndicat, à travers ces mesures, la tutelle fait une espèce de diversion pour masquer les vrais problèmes des enseignants. “Tout le monde sait pertinemment que nos principales revendications sont l'élaboration d'un statut particulier et l'augmentation de salaires”, rappelle, à juste titre, l'union que dirige Mourad Mammeri, avec ce souci d'informer l'opinion publique sur les besoins des enseignants et les propositions du ministère. Des propositions qui prennent l'allure d'un luxe, à leurs yeux, dans la mesure où Harraoubia se permet de dépenser une sale facture en devises sonnantes et trébuchantes pour les bourses à l'étranger, alors qu'il est incapable de prendre en charge leurs revendications salariales en dinars. Et au Snapap de s'étonner non sans une pointe d'ironie : “nous nous demandons sérieusement pourquoi on a de la devise pour les stages à l'étranger et on a pas de dinars pour les salaires et, surtout, les arriérés de salaire des vacataires, les primes de rendement et l'avancement pour les titulaires !” Le syndicat des enseignants du Snapap se désole de cette situation, mais ne ferme pas la porte du dialogue, bien au contraire. Il demande simplement au ministre de voir “les choses en face” en associant les partenaires sociaux dans ses décisions “dans l'intérêt du secteur et des fonctionnaires”. Ceci d'autant plus que l'union nationale des fonctionnaires de l'enseignement supérieur se dit prête à contribuer avec le ministère pour le règlement des conflits socioprofessionnels signalés un peu partout à l'échelle nationale. Cette analyse de l'état des lieux de l'université épouse parfaitement le diagnostic établi par le Cnes, qui a été le premier à avoir déclaré les mesures de Harraoubia comme étant du “tapage médiatique” destiné à “tromper” l'opinion. H. M.