Des mesures de sécurité exceptionnelles entourent le rendez-vous des superpuissances de la planète, qui s'est ouvert hier soir par le traditionnel dîner. Il ne faut toutefois pas s'attendre à voir tous les vœux exaucés. Les choses sérieuses commencent donc aujourd'hui pour les dirigeants des huit pays les plus industrialisés de la planète, qui ont fait appel, à l'occasion, aux chefs d'Etat de pays émergents et africains, pour discuter de deux sujets importants. La réduction de la pauvreté en Afrique figure, certes, en très bonne place, mais à quoi faut-il s'attendre de la part des pays riches ? Jusqu'où ces derniers peuvent-ils aller dans leur élan de générosité ? La question mérite d'être posée, car la demande du continent africain est loin d'être négligeable, à voir les résolutions du sommet de l'Union africaine, qui s'est achevé mardi à Syrte, en Libye, particulièrement le point relatif à l'effacement pur et simple de la dette de tous les pays africains. On voit mal les patrons du Groupe des huit accepter de mettre un trait sur ce que leur doivent les pays africains, surtout ceux nantis de ressources naturelles. La déclaration du ministre britannique des Finances, Gordon Brown, au sujet de la faim dans le monde, vient mettre un bémol aux espoirs de voir ce sommet changer la face du monde. “Je sais que vous allez nous demander de faire davantage pour réduire la pauvreté dans le monde”, a-t-il affirmé, avant que son Chef du gouvernement, Tony Blair, ne modère les ambitions des uns et des autres sur les questions de la pauvreté et de l'environnement. Sur ce second point, George Bush n'a laissé aucune lueur d'espoir de voir le protocole de Kyoto ratifié un jour par les Etats-Unis, alors que son allié britannique rappelle qu'il ne faut pas s'attendre à des miracles de ce sommet. En effet, la déception risque d'être grande au lendemain de cette rencontre, parce que rien n'indique que la générosité des membres du G8 sera illimitée. Bien au contraire, l'on s'attelle d'ores et déjà à freiner l'ardeur des Africains, qui se sont empressés de voir dans l'inscription de la question de la pauvreté, à l'ordre du jour des travaux de cette réunion, des gestes conséquents en faveur de tout le continent noir. Par ailleurs, dix mille policiers britanniques ont été éparpillés aux alentours du luxueux hôtel de Gleneagles pour assurer la sécurité des participants à ce sommet. Un dirigeable surveille l'activité dans les environs. La sécurité a été renforcée à la suite des manifestations qu'à connues la région, notamment la capitale écossaise Edimbourg, où une soixantaine de personnes ont été blessées dans les heurts avec les forces de police, deux jours avant l'ouverture du sommet. Rien n'a été laissé au hasard par les services de sécurité britanniques, pour éviter toute mauvaise surprise. K. ABDELKAMEL