L'ancien ministre de la Défense, le général à la retraite Khaled Nezzar, a dû improviser dans l'urgence, hier, en fin de journée, une conférence de presse pour apporter un démenti à des images dont il doute de l'authenticité et qui laissent entendre qu'il a proposé après la démission de l'ancien président Chadli Bendjedid, en janvier 1992, la présidence de la République à feu Hocine Aït Ahmed. Le général Khaled Nezzar a d'abord commencé par énumérer ses rencontres ayant précédé la démission de Chadli Bendjedid. "J'ai rencontré Chadli Bendjedid le jour des résultats des élections de décembre 1991, et il était confus. Je l'ai rencontré une deuxième fois et c'était à ma demande et il m'a fait part de son intention de prendre une initiative dont il n'avait pas dévoilé le contenu. Lors de la troisième rencontre il m'a fait part de son intention de démissionner. La quatrième fois, un mercredi son chef de cabinet m'a contacté pour m'informer qu'il voulait se décharger de sa tâche le lendemain, jeudi. Je suis allé le voir et je lui ai dit que nous n'étions pas prêts. Je lui ai demandé alors de retarder sa démission au moins pour le samedi", a-t-il révélé. L'ancien ministre de la Défense a fait ensuite savoir que le soir de la démission de Chadli Bendjedid, il a contacté un certain nombre de personnalités et de chefs de partis politiques pour "les informer de la situation de crise dans laquelle nous étions et le vide juridique qui en découlait". Mon but, précise-t-il, "était aussi de leur expliquer que Chadli a démissionné de son propre gré parce que j'anticipais déjà sur les interprétations qu'allaient faire les gens de cet événement". Le premier à avoir été reçu était le fondateur du FFS. "Hocine Aït Ahmed était en réunion avec des cadres de son parti lorsque je l'ai contacté. Il venait d'apprendre la nouvelle à l'instant, à la télévision. Il est arrivé accompagné de deux personnes que je ne connais pas. Il était sous l'émotion et il n'a pas cessé de répéter : c'est un coup d'Etat, c'est un coup d'Etat. Je lui ai expliqué que je l'ai contacté pour trouver ensemble une solution à la crise qui s'imposait", témoigne-t-il. La deuxième fois, poursuit-il, c'était dans les quinze jours qui ont suivi la première rencontre. "Je l'ai reçu à Dar El-Affia et nous nous sommes d'ailleurs contentés de faire les cent pas dans les jardins de la résidence, pour nous entretenir. Il m'a dit la chose suivante : ‘Il faut revenir à un moment au processus électoral. Ce qui est fait est fait'", ajoute-t-il. Les deux autres fois, affirme Khaled Nezzar, c'était en Suisse, et c'est son conseiller politique, le général Touati, qui est allé le voir. "La fin du mandat du HCE approchait et on devait assurer une transition démocratique. J'ai envoyé Touati à Genève pour le rencontrer en juin 1993 puis fin décembre de la même année. Il a refusé de rentrer pour participer à la période de gestion de la transition." Sur ce chapitre de l'histoire contemporaine de l'Algérie, Khaled Nezzar est catégorique : "Je n'ai, à aucun moment, proposé la présidence de la république à Hocine Aït Ahmed." Khaled Nezzar fait d'ailleurs savoir que le général Touati apportera des explications à ce sujet dans les jours à venir. Mehdi Mehenni