Sans "les 200 000 martyrs", dont Boudiaf, Alloula, Yefsah, Chergou, Benhamouda, Hasni, Matoub et bien d'autres encore, "jamais Bouteflika ne serait devenu Président, ni fait sa réconciliation nationale". Et, sans la résistance des Algériens, "jamais nous n'aurions pu entonner ‘Qassamen', ni parler du 1er Novembre et de ses martyrs". L'Alliance nationale patriotique, regroupant les Patriotes, les Groupes de légitime défense (GLD), les gardes communaux et des victimes du terrorisme, vient de s'exprimer sur le projet de révision de la Constitution. Lors d'une conférence de presse, organisée hier au siège du Mouvement démocratique et social (MDS), à Alger, les membres de son bureau national ont fait savoir que l'actuel projet de loi consacre "la réconciliation", en restant muet sur la "résistance" du peuple algérien, pendant la décennie noire. Selon eux, il s'agit là d'un oubli impardonnable qui en dit long sur "la volonté politique" des tenants du pouvoir actuel, alors que des promesses avaient été faites, y compris par le président de la République. Dans un appel aux citoyens, partis politiques et associations, qui a été lu au début de la rencontre, il est noté : "Sans notre résistance, jamais l'ANP et les autres services de sécurité n'auraient pu gagner cette guerre menée contre la République. Sans notre résistance, jamais les institutions n'auraient été préservées." Il est également rappelé que durant les années 1990, les Algériens ont "bravé les terroristes qui se drapaient de l'islam, qui promettaient les cercueils, si on allait aux urnes ou si nous envoyions nos enfants à l'école". Même l'émigration s'est mobilisée à l'époque et a été "un exemple de patriotisme". Pour le mouvement patriotique, sans "les 200 000 martyrs", dont Boudiaf, Alloula, Yefsah, Chergou, Benhamouda, Hasni, Matoub et bien d'autres encore, "jamais Bouteflika ne serait devenu Président, ni fait sa réconciliation nationale". Et, sans la résistance des Algériens, "jamais nous n'aurions pu entonner ‘Qassamen', ni parler du 1er Novembre et de ses martyrs". C'est, justement, cette résistance populaire que l'Alliance nationale patriotique veut "valoriser" et "constitutionnaliser", afin de la "laisser en héritage à nos enfants". Hier, Aliouat Lahlou, représentant de la Garde communale nationale, a averti, en sa qualité de porte-parole de l'Alliance, que si la nouvelle Constitution fait l'impasse sur cette résistance, elle sera alors considérée comme "étrangère à notre combat, une trahison de nos martyrs, des sacrifices et des défis ayant permis de sauvegarder la République". Plus loin, l'intervenant s'est dit choqué de l'empressement des décideurs à "faire passer le projet de révision constitutionnelle, coûte que coûte". D'après lui, cette précipitation, accompagnée de la volonté à faire approuver le texte de loi par le Parlement, signifie, ni plus ni moins, qu'"il n'y a pas de confiance entre les citoyens et le pouvoir". Aliouat Lahlou a, en outre, informé que lors des derniers rassemblements régionaux, à Tipasa, Koléa, Adrar, Tizi Ouzou, Batna et El-Bayadh, beaucoup de citoyens se sont opposés à l'expression "fitna", en se demandant "qui a donné l'agrément au FIS, un parti politique anticonstitutionnel". De son côté, Mourad Taamallah, un autre membre du bureau national, qui représente les Patriotes et GLD, a dénoncé la mouture actuelle du projet de la Constitution, qui passe sous silence le rôle joué par des forces sociales, représentatives du peuple algérien, et qui "veut enterrer la résistance", alors que la révision de la loi fondamentale doit refléter fidèlement cette période déterminante de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Quant à Leïla Hamidani, autre membre du BN et représentante des victimes du terrorisme, elle n'a pas caché son indignation devant le traitement réservé à "ceux qui ont brûlé le pays, égorgé et tué", et qui sont aujourd'hui reçus à la présidence de la République comme des personnalités nationales. D'après elle, en l'absence d'une loi antiterroriste et du pardon des repentis, "le terroriste reste un terroriste, quels que soient les maquillages et artifices apportés" pour tromper l'opinion publique. Cette dernière a aussi observé qu'il est du devoir de l'Etat de protéger et d'aider "ceux qui ont défendu la République". Au cours du débat, d'autres membres de l'Alliance patriotique sont revenus sur l'affaire "Madani Mezrag et compagnie", leur médiatisation et leur attachement à leur "projet" théocratique. D'aucuns ont soutenu que "la machine à tuer est toujours là". Soulignons, enfin, que l'Alliance n'a pas l'intention de "se croiser les bras". Parmi les actions qui seront initiées prochainement, on retiendra notamment des rencontres et des rassemblements. Hafida Ameyar