La sortie de Madani Mezrag, ancien chef de l'Armée islamique de salut (AIS), aile armée du FIS dissous, en tenant une université d'été dans une forêt à Mostaganem, à l'ouest du pays, ne cesse de susciter colère et indignation. L'ex-chef terroriste s'était déjà réuni avec ses acolytes dans un maquis à Jijel en 2014. Les gardes communaux, fer de lance de la lutte antiterroriste durant la décennie noire, ne comptent pas laisser passer sous silence cette «atteinte aux victimes du terrorisme». Un rassemblement national réunissant les gardes communaux, les Patriotes et les GLD aura lieu le 20 août devant la stèle érigée pour rendre hommage aux victimes du terrorisme dans la commune de Saharidj, à 50 km au nord-est de Bouira, selon Aliouat Lahlou, porte-parole du Mouvement pour la cause des gardes communaux et la lutte antiterroriste. «Madani Mezrag, au lieu d'être poursuivi en justice et condamné pour tous les crimes horribles qu'il a commis pendant de longues années, a été autorisé à tenir une université d'été dans une forêt», a déclaré M. Aliouat. «Nous tenons à dénoncer fermement cette liberté dont jouit pleinement ce terroriste et criminel. C'est une atteinte aux centaines de milliers de victimes du terrorisme», ajoute-t-il. « Où en est-on avec la lutte antiterroriste ?» s'interroge-t-il. Le monde à l'envers Selon M. Aliouat, Madani Mezrag, un terroriste notoire, considéré par la présidence de la République comme personnalité politique nationale et invité à émettre un avis sur la réforme de la Constitution, est porteur d'un projet qui consiste à «assassiner l'Algérie encore une fois». «Cet ancien chef terroriste non seulement refuse de présenter des excuses au peuple algérien, mais il persiste et signe et se considère toujours comme un émir et parle au nom de l'AIS», s'emporte-t-il. Avec la détérioration de la situation sécuritaire et les derniers attentats terroristes qui ont ciblé les unités de l'Armée nationale populaire (ANP) à Aïn Defla, Batna et Skikda, le porte-parole des gardes communaux n'a pas hésité à exprimer ses craintes quant à l'avenir du pays. «Nous sommes exactement dans les mêmes schémas que les années 1990 ; la crise économique et les attentats terroristes», a-t-il dit. M. Aliouat croit dur comme fer que la lutte antiterroriste se fait en impliquant toutes les forces vives du pays, allusion aux corps de la garde communale et des Patriotes. Des partis politiques ont réagi Il a insisté sur le rôle de la société dans la lutte contre les hordes sanguinaires. La rencontre des anciens membres de l'AIS à l'ouest du pays a également fait réagir plusieurs formations politiques. «Cette rencontre va à contre-courant de l'exigence de défendre la République, la cohésion de l'Etat et de ses institutions ainsi que de la nécessité de consolider le front intérieur. Elle constitue un grave discrédit de l'Etat et de l'Armée nationale populaire qui, depuis le début de l'année, redouble d'efforts dans la poursuite de la lutte antiterroriste», lit-on dans un communiqué du Mouvement démocratique et social (MDS). «Le MDS dénonce avec fermeté la rencontre d'une ‘Armée islamique' alors qu'il n'existe qu'une et une seule armée de la République : l'ANP», ajoute le même communiqué. Le parti s'inquiète que l'AIS, aile armée du FIS dissous, «puisse bénéficier de l'opacité qui règne dans les institutions de l'Etat pour tenir une telle manifestation en contradiction avec la loi, quand un parti légal se voit empêché de tenir son congrès». Et le MDS de s'interroger : «Faut-il oublier les chouhada, les Patriotes, les civils et les militaires assassinés par les terroristes ?» Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), la tenue d'une université d'été de l'ancienne Armée islamique du salut «est en soi la meilleure preuve de la faillite de l'Etat». Quant aux partis islamistes, notamment le MSP et Ennahda, ils dénoncent le deux poids, deux mesures de l'administration qui autorise l'aile armée du FIS dissous à se réunir, tandis que les partis activant dans la légalité en sont empêchés.