Le DG de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins, lors d'une conférence de presse donnée hier, a menacé les chaînes de télé de les poursuivre en justice si elles persistaient à ne pas régulariser leurs situations envers l'Onda. Le directeur général de l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (Onda), Sami Bencheikh, a animé, hier matin, une conférence de presse à l'hôtel Sofitel, pour donner les détails du bilan de 2015 et annoncer les grandes lignes des activités prévues pour l'année en cours. Lors de cette rencontre, il en a profité pour évoquer le problème du "vol et de l'appropriation illégitime du patrimoine et des œuvres d'auteurs" sans demander l'autorisation de l'Onda. À ce propos, M. Bencheikh a réitéré un dernier avertissement aux chaînes de télé privées qui, selon lui, exploitent des œuvres du patrimoine sans verser de redevances de droits d'auteur. "Nous n'avons pas de droit de regard sur la qualité de ces chaînes, ce qui m'importe c'est que les droits d'auteur doivent être versés. Lorsque des chaînes exploitent des films et des musiques, elles doivent payer pour ne pas voler les droits de ces artistes." Et d'ajouter : "Ces responsables ont-ils le droit d'exploiter des œuvres algériennes sans prendre en considération l'Onda, alors que nous leur envoyons chaque semaine un courrier pour attirer leur attention et leur demander de respecter ces auteurs !" Le DG a insisté sur le fait que Dahmane El-Harrachi et tous les autres artistes "ont des familles qui méritent ces droits". D'ailleurs, il fait part de son "ras-le-bol" en précisant : "Je dis basta ! Il faut régler les droits d'auteur. Nous n'allons pas vous prendre tout votre argent. Nous ne l'avons pas fait jusqu'à ce jour, mais ces chaînes doivent se conformer à la loi algérienne." Et de conclure : "Sinon, nous engagerons des poursuites devant des instances internationales chargées justement de ces satellites en Jordanie ou ailleurs. Nous pourrons toucher ces chaînes à travers leurs fournisseurs. Nous allons dire à ces derniers qu'ils sont en train de donner des espaces de diffusion à des gens qui violent les droits d'auteur." Au sujet de cette éventuelle poursuite judiciaire, M. Bencheikh a expliqué : "Auparavant, nous avions adopté un système graduel de sensibilisation. J'ai eu des promesses, mais rien n'a été fait. Nous avons envoyé des mises en demeure, et si d'ici 3 mois ces chaînes ne payent pas, je ferai appel à la justice." Selon le DG, ces redevances non payées génèrent des pertes considérables. Certes, ces chaînes n'ont pas "l'ampleur" de la Télé nationale, mais elles font perdre "des montants énormes qui peuvent aller au-delà de 50 milliards de centimes". Outre le problème de payement, il a également abordé les grandes lignes du programme d'activités prévu pour 2016. Dans son intervention, il a informé qu'il "y aura plusieurs activités de développement. L'Onda a engagé un partenariat avec le site YouTube. Ils ont commencé à payer pour les œuvres algériennes publiées sur le site conformément au contrat qui nous lie". Et de renchérir : "Nous sommes en contact avec d'autres plateformes comme Orange, nous travaillons pour faire payer les redevances de droits d'auteur pour les musiques algériennes exploitées par cette plateforme." Plusieurs rencontres internationales sont au menu, notamment la tenue d'un grand atelier avec le G15 qui sera initié par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) sur "les ressources génétiques, le savoir traditionnel et le folklore", prévu au courant du 1er trimestre 2016 à Constantine. Au sujet du bilan de 2015, Sami Bencheikh est plutôt satisfait du rendement de l'année écoulée. "2015 était riche en évènements. Nous avons atteint une redevance de droits d'auteur de 4 milliards et 700 millions de dinars. Nous avons enregistré un taux de croissance de 23% par rapport à 2014." Sur cet argent récolté, l'intervenant a fait savoir que l'Onda "verse ce fonds aux artistes, producteurs, réalisateurs... Nous en servons aussi pour financer de jeunes artistes, les festivals..." Pour rappel, l'Onda compte un total de 15 000 adhérents. Hana Menasria