L'auteur de la fameuse bande dessinée “Mimoun l'escargot” dans “Alger Républicain” vient d'écrire son premier roman, qu'il a intitulé “Le 8e voyage de Sindbad” (*). Djilali Beskri nous renvoie à Bagdad, en l'an 796 avant Jésus-Christ, dans la cité des sciences et de la poésie du calife Haroun Er-Rachid et du poète Abou Nouas. Prenant appui sur des personnages des Mille et Une nuits, il fait faire à Sindbad le marin et ses amis, le vieux Mokhtar, Akbar, le robuste africain, le petit Nedir et Chico le perroquet un étrange voyage à travers l'espace et le temps. Le courageux Sindbad et son équipage ont pour mission d'aller dans le futur, précisément en 2800, pour secourir nos descendants, condamnés à l'errance dans l'espace, après la désintégration de la terre. Ils seront les amis de la princesse Zahra et son peuple, qui résistent à Chakor, la force du mal, et qui doivent coûte que coûte retrouver la planète Bahia, la sœur jumelle de la terre. Le roman de Djilali Beskri se distingue par sa remarquable construction méthodologique, avec ses enchaînements dans les dialogues et les actions des personnages qu'il a choisis. Il offre un éventail de mots, souvent accessibles, pour raconter l'éternel combat entre le bien et le mal, plaçant Zahra, “la fleur de la fécondité” et le “djaoui”, cet encens découvert dans un passé médiéval, qui a le pouvoir de chasser les mauvais esprits, au cœur de cet insolite voyage intergalactique. Expert dans la simulation numérique des phénomènes physiques et l'art digital, donc, dans les effets virtuels, l'auteur fait appel à ses connaissances et laisse libre cours à son imagination, offrant au lecteur un décor digne des films de science-fiction. Nous avons ainsi droit aux ondes sonores et lumineuses émises par une boule de cristal, aux vibrations, aux flux de lumière, au rayon de soleil enchaîné dans un flacon de verre, qui sera à l'origine, plus tard, de la création d'un nouveau système solaire et d'une voie inédite menant à la planète Bahia. Pourtant, la machine de guerre est toujours présente, opposant les résistants aux êtres égoïstes, qui ont transformé la terre en “poubelle”, provoqué le réchauffement de la planète et sa désintégration, et qui menacent encore le nouveau monde. Histoire universelle, impliquant des personnages de différentes nationalités et des serviteurs du bien, tels que Chen, le descendant de la dynastie Tâa, et Bastran, le chef des armées de l'empire, qui s'est fait passé pour un traître pour sauvegarder la mémoire de l'humanité. Le 8e voyage de Sindbad, outre la part du rêve qu'il véhicule, chante la générosité, la solidarité, l'optimisme, le courage et l'amour. Il est également un hommage à la sagesse de la femme, cette “élue”, ainsi qu'une tentative de réhabilitation de la civilisation arabo-musulmane, dans une ère où certaines voix crient fort au conflit entre l'Orient et l'Occident. Hafida Ameyar (*) Djilali Beskri, Le 8e voyage de Sindbad. Editions Anep, 2005, 154 pages, 400 DA.