Celui-ci écuma les sept mers en bravant sept mille dangers qui furent narrés avec sept mille tournures géniales par la fabuleuse cantatrice Schéhérazade dans les récits merveilleux des Mille et Une Nuits. Le nombre des voyages de Sindbad n'évolua point depuis ce VIIIe siècle grandiose, durant lequel des souverains épris des sciences, des arts et des lettres protégeaient poètes, écrivains, savants et autres créateurs. A l'aube de ce XXIe siècle, au gré des hasards de l'histoire et sans l'aide d'aucun souverain, c'est un inconnu affublé d'un nom bien de chez nous : Djilali Beskri, ingénieur de vocation et de formation qui narra avec beaucoup d'à propos le 8e voyage de Sindbad. Le nouveau conteur a bien conscience qu'il ne vit pas à l'ère abasside et que, depuis, le monde a radicalement changé en inventant, entre autres, beaucoup de machines très puissantes et surtout a appris, suite au vol de Youri Gagarine, dans le Vostok 1 en 1961 que l'homme peut voyager dans l'espace. Prenant en considération ce nouveau paysage scientifique et culturel, Beskri créa un clone de Sindbad dont il situa les péripéties en l'an 2800, bien loin de notre époque. Le nouveau Sindbad est donc un être du futur doté des pouvoirs d'une créature du futur. Les liens avec le héros des Mille et Une Nuits se limitent au nom du légendaire marin et à quelques mythiques noms de lieux comme Baghdad où commence la nouvelle histoire. Derrière l'intrigue du roman, parce qu'il s'agit d'un roman du genre science-fiction, se déroule une réflexion sur le sort de l'humanité à laquelle est imposée une errance dans l'espace intersidéral suite à la destruction de la Terre par la faute d'hommes trop bêtes pour faire attention à leur devenir. Du roman qui est en vente dans les librairies algériennes depuis le début de janvier 2005, Beskri veut tirer un film d'animation en 3 dimensions, comme il s'en fait aisément maintenant à travers le monde. Il y a lieu de rappeler que Les aventures de Sindbad ont déjà été un immense succès en dessin animé grâce à Disney et à l'industrie hollywoodienne. Beskri pourra-t-il relever le défi ? Les choses, comme les techniques actuellement stimulées par l'informatique, peuvent-elles permettre de rivaliser avec les tours de magie de la cinématographie américaine ? S'il faut peut-être à ce propos tempérer l'ambition, il serait malheureux de renoncer au rêve. Le film en 3D, Beskri dit de lui avec beaucoup d'assurance qu'il est non seulement réalisable mais il peut être (financièrement) une affaire rentable, du moment qu'il pourra être distribué avec des traductions dans le monde entier. « Les personnages qui composent l'équipage du boutre de Sindbad viennent tous des horizons différents et sont représentatifs des cinq continents (...) » En d'autres termes, pareil film qui se « veut aussi un rapprochement entre les peuples et une voie de l'humanisme, de la tolérance et du respect de l'autre » pourrait s'avérer être un très bon ambassadeur culturel pour l'Algérie. Pour la concrétisation du projet de ce film, Beskri s'est déjà composé une vision précise de ce que seront le scénario, l'équipe de réalisation, l'équipement technique et le montage financier. Reste à trouver les sous ! Si les autorités mettaient la main à la poche, ce ne sera pas à fonds perdus ; il ne sera que grand temps que l'Algérie pense à retrouver avec des productions de ce genre une place culturelle dans le monde.