La littérature algérienne d'expression arabe a créé la surprise cette année. Les nouveautés sont beaucoup plus consistantes et le choix plus varié comparé à l'édition en français. Petite sélection pour une bonne nouvelle. La littérature en langue arabe revient en force, cette année au Sila. Alors que les années précédentes, le choix était plutôt restreint, les visiteurs du Sila ne sauront plus où donner de la tête. Les éditions Ikhtilef, qui ont entrepris un vrai travail de coédition avec la maison libanaise Arab Scientific Publication, sortent à l'occasion de ce Sila beaucoup de littérature. Au stand de ces éditions, vous trouverez, notamment, l'avant-dernier roman de Haïfa Baytar intitulé Nissae Bi Aqfal (femmes avec des verrous), ainsi que Qabou El-Abbasiyines (le tombeau des abbasides) ; le 5e et dernier roman de cette écrivaine féministe syrienne met encore une fois en évidence son engagement pour la cause des femmes. Ikhtilef a aussi traduit L'Interdite de Malika Mokaddem, Le Serment des barbares – premier roman- de Boualem Sansal –, et La dernière impression, le premier roman de Malek Haddad qui raconte la vie d'un jeune homme vivant au sein de la communauté française en Algérie durant la Révolution. En plus de Khayal Sakhen (une imagination fertile) de l'Egyptien Mohamed El-Ouchari, les éditions Ikhtilef, qui cultivent la différence, ont édité Abna el-Khatae E'roumansi (les enfants de l'erreur romantique), le roman de Yasser Chaâbane interdit en Egypte. Outre le roman, l'éditeur publie aussi de la poésie avec deux recueils des poètes libanais : Joumana Haddad et Zahi Wahbi. Pour les amoureux du verbe, Ikhtilef offre “une anthologie des poètes suicidés” de Joumana Haddad, dans laquelle figure deux poètes algériens à savoir, Safia Kettou et Abdellah Boukhalfa. Les prix au stand Ikhtilef varient entre 200 DA et 1 200 DA avec, parfois même, des remises. De leur côté, les éditions Alpha, qui ont produit pour ce salon une trentaine d'ouvrages, tous genres confondus, publient en achat de droits, une traduction vers l'arabe de Thagaste : Sur les pas de Saint Augustin : un roman historique de Kébir Ammi qui ressuscite Augustin dans sa terre natale tout en enchevêtrant et mêlant les voix des siens… un voyage dans le passé où l'auteur interroge l'Histoire pour mieux expliquer le présent et concevoir l'avenir. Alpha a prévu aussi pour ce Sila un recueil de poésies, très attendu d'ailleurs, de Abderrazak Boukeba intitulé Ajniha li mazaj e' dib el-abyadh (des ailes pour le loup blanc). Ballotté entre Alpha et ses éditions éponymes, Lazhari Labter publie (en achat de droits) une traduction – par Nabila Zouiche – du Huitième voyage de Sindbad de Djilali Beskri qui offre un voyage dans le temps à Sindbad et même à son lecteur puisque l'aventurier des Mille et une nuits fait un saut vers le futur, plus précisément en 2800 pour sauver le monde. El-Bab El-Akhar (l'autre porte) de Khaled Bouali est un recueil de nouvelles qui figure sur le catalogue des éditions Chihab, et qui pose la question existentielle et non moins abstraite de la vérité de l'Homme. À travers plusieurs histoires et dans un idéalisme certain, l'auteur assimile la porte à la vérité et à chaque fois qu'il s'approche de la porte, c'est une vérité qu'il découvre et une lucidité qu'il acquiert. Pour finir face à la porte, il utilise le réel, l'imaginaire, le passé, la légende… Dar El-Gharb débarquent avec deux romans au Sila, en l'occurrence Echajara el-malouna (l'arbre maudit) de Mohamed Ben Yacoub, et Aela Min Fakhar (une famille en terre) de Mohamed Meflah, ainsi qu'un recueil de 12 nouvelles — mystérieuses, sombres et assez noires — intitulé Wajhouh… eddil (son visage, l'ombre) de Fatiha Ibn Douda. Barzakh édite un recueil de chroniques intitulé Fawaten de Boubeker Zemmar. L'auteur ne figure pas dans le catalogue, mais c'est un oubli de l'éditeur. Quant à Casbah édition, ils sortent le roman Baâda un samata rassas (après que l'arme se soit tue) de Samira Kebli et qui traite de la décennie noire et de ce qu'elle a laissé… comme cendres. Notons aussi que la jeune maison d'édition Dar Oussama, dont le siège est localisé à Djelfa, propose aux visiteurs du Sila 23 nouveaux titres entre romans et recueils de nouvelles et poésie, dont Alamat (les marques) du journaliste Kheir Chouar. En somme, la littérature d'expression arabe retrouve une place de marque chez les éditeurs du Sila. Débarrassées des conflits, les productions en arabe et en français coexistent pacifiquement voire harmonieusement dans les stands. Mais… c'est le week-end et la course aux nouveautés est lancée. S. K.