En vue d'utiliser leurs ressources financières excédentaires, les banques commerciales publiques, qui représentaient encore en 2014 plus de 85% à la fois des crédits et de la collecte de l'épargne du secteur bancaire, ont en effet été sollicitées massivement par l'Etat, qui est leur actionnaire unique, pour financer, dans une première étape, les programmes de développement de la microentreprise puis les investissements réalisés dans les infrastructures économiques et sociales, en lieu et place du Trésor public, tandis que le financement de l'investissement productif peine encore à décoller. Retour à la spécialisation Après la BEA, considérée de longue date comme la "banque de Sonatrach", voilà que le CPA a été appelé officiellement depuis 2013 à devenir "une banque du logement", tandis que les excédents financiers colossaux de la Cnep ont été mis massivement, depuis l'année 2012, au service des investissements de Sonelgaz. Une sorte de grand retour du concept, et de la pratique, de la spécialisation bancaire en vogue dans les années 70. À ce tableau, il faut ajouter des banques privées qui, pour nombre d'entre elles, se sont intéressées principalement au financement du commerce extérieur dans le sillage de l'obligation du recours au crédit documentaire, accentuant ainsi le dualisme entre les 2 secteurs. Le marché financier au point mort L'ambitieux programme d'introduction en bourse d'une cinquantaine d'entreprises, annoncé dès le début de la décennie, semble aujourd'hui au point mort. Liès Kerrar, qui dirige Humilis Finance, rappelle que ce programme et ces objectifs "sont sur la table depuis près de 5 ans" et qu'il s'agit maintenant de "mener les actions pour l'appliquer." En attendant, le département actions de la Bourse d'Alger reste réduit à des proportions lilliputiennes avec pas plus de 4 entreprises cotées et une animation du marché jugée défaillante par les dirigeants des entreprises concernées. Le développement du marché obligataire avait connu, de son côté, des débuts prometteurs entre 2003 et 2010 avec les premières émissions réalisées par des acteurs économiques publics de premier plan comme Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie ou Algérie Télécom mais aussi des entreprises privées comme Cevital. Une dynamique qui, malheureusement, a été rapidement enrayée en raison de la politique de subvention massive du crédit mise en œuvre à partir de 2010 qui va provoquer d'abord une réduction sensible du programme d'émission obligataires de la place d'Alger, prévu en 2003 à 32 émissions et ramené rapidement à seulement une quinzaine. Un programme qui n'a pas cessé de se rétrécir depuis cette date avant d'être réduit aujourd'hui à sa plus simple expression. H. H.