La crise des réfugiés prend de nouvelles proportions, avec l'annonce hier par le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU à Genève, de l'arrivée sur le Vieux Continent de plus de 131 000 candidats à l'émigration depuis le début du mois de janvier, un chiffre supérieur à celui du 1er semestre 2015. La situation des réfugiés et leur accueil préoccupent sérieusement l'Union européenne, au point que le président du Conseil européen, Donald Tusk, a entamé hier à Vienne une tournée, qui le mènera dans les pays des Balkans, avant de se rendre également demain et après-demain en Turquie. L'objectif de ce périple est de préparer un sommet européen crucial prévu le 7 mars pour faire face à cette crise des réfugiés. Mais c'est la Turquie qui détient, en partie, la clé de la résolution de cette crise et Bruxelles maintient toujours la pression sur Ankara pour le maintien des réfugiés en Turquie, contre une aide financière et logistique conséquente. "L'Europe est prête, ainsi qu'elle l'a déjà démontré, à accorder une aide financière substantielle aux pays voisins des zones de guerre", a déclaré M. Tusk lors d'un point-presse à Vienne. "Mais en même temps, nous attendons de nos partenaires qu'ils s'engagent davantage, une condition indispensable pour éviter un désastre humanitaire. Ce sera le sujet de mes entretiens en Turquie", a-t-il ajouté. Il faut croire que les chiffres dévoilés hier par le HCR, qui font état de l'arrivée en Europe en ces deux mois de 2016 d'autant de réfugiés que ceux ayant débarqué en six mois l'année écoulée, ne laisse pas les responsables européens de marbre. Ainsi, le prochain sommet sera très important pour les dirigeants de l'UE, qui espère convaincre la Turquie, conviée spécialement pour ce rendez-vous, à mettre en œuvre, le plus rapidement possible, le plan d'action UE-Turquie, dans lequel Ankara s'est engagé à endiguer les départs de réfugiés vers l'Europe, en échange d'une aide financière et de concessions politiques. Cet accord, scellé fin novembre 2015, n'a pas encore porté ses fruits, déplorent les Européens qui se déchirent sur la gestion de la crise, alors que l'afflux de réfugiés depuis les côtes turques ne fait qu'augmenter. C'est dire l'importance des rendez-vous de Donald Tusk demain à Ankara, avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, et le lendemain à Istanbul avec le président Recep Tayyip Erdogan. La Turquie est de plus en plus considérée, côté européen, comme la clé pour résoudre la crise des réfugiés qui divise l'UE. Les escales du président du Conseil européen à Vienne et Ljubljana hier, et aujourd'hui à Zagreb et Skopje, ainsi que demain matin à Athènes, considérés comme les principaux pays des Balkans visent à "continuer à bâtir un consensus européen sur la manière de traiter la crise des réfugiés et préparer le sommet avec la Turquie du 7 mars et le Conseil européen des 17-18 mars", avait-il indiqué. Selon le Wall Street Journal, Bruxelles pourrait dégager une enveloppe d'aide de 700 millions d'euros sur trois ans. Dimanche, le ministère grec à l'Immigration a estimé avoir besoin dès maintenant de 450 millions d'euros "en équipements et personnels pour les camps temporaires accueillant les réfugiés coincés dans notre pays". Par ailleurs, le ministre macédonien des Affaires étrangères, Nikola Poposki, a défendu hier la décision des autorités à Skopje d'utiliser des gaz lacrymogènes pour contenir des réfugiés et mis en garde contre les tensions grandissantes sur les Balkans susceptibles de provoquer des conflits. Pendant ce temps, le démantèlement d'une partie du camp français de Calais regroupant des réfugiés voulant rejoindre l'Angleterre a repris hier sous tension après des heurts la veille, sur fond de restrictions imposées par plusieurs pays européens bloquant des milliers de réfugiés dans cette crise devenue "mondiale". Merzak Tigrine