Le dispositif de signalement d'enfant en situation de danger doit être vulgarisé. C'est un signe de conscience, un acte de citoyenneté et une preuve de bravoure. Explications. Comment peut-on impliquer le citoyen dans l'organisation du signalement d'enfants en situation de danger ? Voici une question à laquelle plusieurs experts et officiels ont tenté de répondre, hier, lors d'une conférence internationale tenue à Alger, sous l'égide de l'Unicef. Le signalement est cet acte "citoyen" de prévention contre toute situation qui met en danger un enfant. Le dispositif de signalement est aussi cette forme d'organisation, de recueil, de traitement et d'évaluation des différentes situations où l'enfant se trouve devant un risque de maltraitance physique, morale, sexuelle et psychologique. En Algérie, ce dispositif nécessite une vulgarisation, de le porter à la connaissance du grand public et expliquer qu'un signalement d'une situation de danger qui guette un enfant est d'abord un signe de conscience, un acte de citoyenneté et une preuve de bravoure. Le constat fait au jour d'aujourd'hui est décevant. "Trop peu de cas sont portés à la connaissance des autorités concernées", regrettent les animateurs de la conférence. Selon les représentantes des services de sécurité, DGSN et Gendarmerie, "5 763 cas de signalement ont été portés à la connaissance de la police", et seulement "2 111 cas signalés pour la gendarmerie". Même si le taux est en baisse par rapport à l'année 2014, il n'en demeure pas moins que ces chiffres ne reflètent pas la réalité du terrain et le "signalement" reste un "tabou". Qui oserait signaler un enfant en situation de danger aux services de sécurité ? À vrai dire, personne ne prendrait le risque de "s'immiscer" dans la vie "privée" d'un foyer. Qui oserait contredire un parent sur l'éducation de ses enfants ? C'est à cette problématique que la conférence veut apporter des réponses et des éclairages, en s'appuyant sur les expériences de pays comme le Canada, la Grande-Bretagne ou la France. Pour Mounia Meslem Si Ameur, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, cet acte "doit être l'œuvre de tout un chacun" de "tous ceux qui, de par leur fonction ou leur relation avec la victime, sont appelés à prévenir consciencieusement". Elle a rappelé, dans ce contexte, que la loi n° 15-12 du 15 juillet 2015 relative à la protection de l'enfant est inspirée dans "le but de renforcer son arsenal juridique et d'énoncer clairement la manière dont la protection de l'enfant a été décidée, et sera entreprise, après la série de kidnappings enregistrée fin 2012, début 2013 et la vague de terreur qui en a découlé". Elle a aussi ajouté que le groupe de travail interministériel qui agit dans le cadre du Plan national action pour la protection et le bien-être de l'enfant reposera sur une démarche "pertinente de prévention, de protection, et de participation citoyenne qui puisera sa substance de la coordination, de la concertation et de la communication". Hier, plusieurs communications ont été présentées. Marc Lucet, représentant de l'Unicef Algérie, a mis l'accent sur l'engagement de l'Unicef à soutenir les efforts de l'Algérie dans le renforcement du dispositif de signalement et de protection de l'enfant, avant d'appeler à l'implication des citoyens dans le signalement qui reste, selon lui, "important" dans la mesure où il identifie la victime, la violence et cherche la protection. Mohamed Mouloudj