Jamais peut-être de mémoire du football algérien une demande de recours émanant d'un club de football n'a été traitée avec autant de célérité par la FAF. Flashback : lundi la commission de discipline de la Ligue nationale du football amateur planche sur l'affaire des graves incidents de la rencontre CR Village Moussa – USM Annaba de la division, donc amateur (groupe Est). Elle prononce des sanctions sévères à l'encontre des deux équipes : "Match perdu pour les deux équipes en sus d'un huis clos pour les deux équipes jusqu'à la fin de la saison et une amende de 120 000 DA pour chaque équipe. Le joueur Bouteraâ Mohamed (USMAn), 2 ans de suspension ferme et proposition de radiation à vie. Le joueur Boutasseta Houssem (CRVM), 2 ans de suspension ferme et proposition de radiation à vie", lit-on sur le site officiel de la LNFA. Les dirigeants de l'USM Annaba protestent et les supporters descendent dans la rue dans la ville pour crier à l'injustice. Le club fait un recours le jour même à la FAF. Le lendemain, c'est-à-dire mardi, devant la pression de la rue, la commission de recours de la fédération (on ne sait même pas si elle s'est réellement réunie) est convoquée en urgence pour traiter le dossier. Du jamais vu ! Comme on peut aisément le deviner, les sanctions sont revues à la baisse : le site de la LNFA annonce mardi soir que "la commission de recours de la Fédération algérienne de football (FAF) a traité ce mardi le recours sur l'affaire du match CR Village Moussa – USM Annaba comptant pour la 20e journée du championnat de division national amateurs et a décidé de réduire partiellement les sanctions prises en première instance à l'encontre des deux équipes. Match CRVM –USMA à rejouer à huis clos sur terrain neutre à désigner par la Ligue nationale de football amateur dans un délai n'excédant pas 15 jours. Deux matches à huis clos et deux avec sursis pour chaque équipe. Deux cent quarante mille (240 000 DA) d'amende pour chaque équipe. Le reste sans changement". Les instances du football ont même pris le soin de diffuser tout au long de la journée de mardi l'information sur une chaîne sportive bien connue pour rassurer les supporters annabis. La sanction est évidemment clémente eu égard à la gravité des incidents qui se sont produits (match arrêté, arbitre agressé, bagarre générale, envahissement de terrain...). Bref, la FAF a déjugé la LNFA. Pourquoi ? Ben, c'est simple, le processus du traitement de l'affaire a été accéléré pour la simple raison que pour les responsables en haut lieu de l'Etat, il ne fallait surtout pas perturber la visite du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Annaba qui a eu lieu hier. Il fallait donc non seulement promettre à la population locale un traitement plus "équitable" de l'affaire, mais aussi "une révision illico presto des sanctions", pour l'amener à tempérer sa colère. C'est malheureusement l'aspect politique qui prime sur l'aspect purement sportif au mépris des lois et des règlements qui régissent la pratique du football en Algérie. Du reste, le vice-président de l'APN, Baha Eddine Tliba (FLN), en personne, a félicité hier à travers sa page facebook la direction et les supporters de l'USM Annaba après, dit-il, l'annulation des sanctions. La veille, ce supporter invétéré et déclaré de l'USMAn avait déjà promis dans un enregistrement vidéo que la FAF allait revoir l'affaire de fond en comble, comme s'il avait déjà eu des assurances à ce sujet. Voilà, désormais c'est fait, Sellal peut se pavaner dans les artères de Annaba sans être dérangé par les fans zélés de l'USMA locale, Baha Eddine Tliba peut se targuer d'avoir tenu sa promesse, le football, lui, peut attendre. SAMIR LAMARI