Comme chaque année, l'Algérie célèbrera aujourd'hui (14 mars) la Journée nationale des personnes handicapées. C'est une énième occasion pour les organisations des droits de l'Homme et les associations travaillant directement avec cette frange de la population de faire le point de la situation, surtout des multiples difficultés que rencontrent les citoyens handicapés d'Algérie. Comme beaucoup d'Etats dans le monde, notre pays a ratifié, en mai 2009, la convention relative aux droits des personnes handicapées. Un traité qui se veut "un instrument des droits de l'Homme", condamnant "toute discrimination" fondée sur le handicap et privilégiant la "dimension sociale" des personnes présentant des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables. Sur ce registre, la convention invite clairement les Etats signataires à "s'attaquer aux effets pernicieux de la pauvreté" qui touchent la majorité des personnes handicapées, leur demandant d'assurer ainsi qu'aux membres de leur famille "la protection et l'aide nécessaires". Elle insiste notamment sur le "respect de la dignité intrinsèque, de l'autonomie individuelle", "l'égalité des chances" et "l'accessibilité" (article 3), ainsi que sur "le développement de biens, services, équipements et installations", adaptés aux "besoins spécifiques des personnes handicapées" (article 4), et l'accès à l'environnement physique (bâtiments, logements, voirie, écoles, installations médicales et lieux de travail), aux transports, à l'information et à la communication (article 9). Malgré la mobilisation du mouvement associatif et en dépit des efforts, encore "timides", des pouvoirs publics, en matière de prise en charge, les handicapés algériens ont, pour la plupart, du mal à se libérer de la marginalisation et de l'exclusion sociale qui les frappent, car beaucoup reste à faire pour favoriser leur insertion dans la société et combattre la précarité de leurs familles. Dans une déclaration parvenue hier à la rédaction, l'association El-Amel des personnes handicapées de Bab-El-Oued a décidé, une fois de plus, de "ne pas célébrer la journée du 14 mars" et de boycotter encore la Journée mondiale du handicapé (3 décembre). En revanche, elle continuera à se battre pour la prise en charge des personnes handicapées, en interpellant l'Etat pour "tout mettre en œuvre et apporter aide et assistance à tous ceux qui œuvrent à leur insertion". L'association est scandalisée qu'en Algérie, l'aide financière aux personnes handicapées se limite à 4 000 DA mensuellement, sans prendre en compte celles vivant dans une totale précarité, encore moins des handicapés orphelins. "Durant toutes les années où l'Algérie débordait de richesses jusqu'à aujourd'hui, les handicapés ne bénéficient que d'une allocation dérisoire de 4 000 DA par mois", relève le communiqué d'El-Amel, en rappelant les appels incessants du mouvement associatif pour venir en aide à cette catégorie sociale, ainsi que les autres défaillances en matière de "formation", d'"accessibilité sous toutes ses formes", de "discrimination à l'emploi", de "chômage" et de "prise en charge médicale". Pour l'association, le sort de ces "citoyens de seconde zone n'émeut pas beaucoup nos décideurs", alors que les personnes handicapées cherchent à occuper leur vraie place dans la société et à jouir des "droits" et des "règles et normes édictées sur le plan international". Hafida Ameyar