Le médiateur judiciaire est désigné par le juge pour régler un conflit à l'amiable, mais sous le contrôle de la justice. "La médiation judiciaire et le règlement des conflits à l'amiable" tel était, hier, le thème d'une conférence au forum d'El Moudjahid animée par Ali Boukhelkhal, président de l'Association nationale des médiateurs judiciaires algériens. Peu d'Algériens connaissent l'existence et le rôle des médiateurs judiciaires. C'est pourquoi l'invité d'El Moudjahid a tenté de vulgariser le rôle de ce "tiers" désigné par le juge pour résoudre un conflit à l'amiable, mais sous le contrôle de la justice. "Ce n'est ni un conciliateur ni un arbitre. Le rôle du médiateur permet surtout d'ouvrir un canal de communication entre les parties en conflit", précise l'orateur. Compétent en matière civile, notamment dans les litiges commerciaux ou fonciers, les conflits familiaux ou de voisinage, le médiateur de justice est tenu par la confidentialité, le respect de la dignité des parties et l'obligation de ne pas en référer au juge concernant le fond de l'affaire. "La procédure judiciaire est extrêmement codifiée alors que chaque affaire a ses caractéristiques propres. Le tribunal ne peut pas résoudre tous les conflits." D'après M. Boukhelkhal, le médiateur est parfois plus efficace dans la recherche de la vérité que le juge. "Il va toujours au fond de l'affaire et il est plus à même de satisfaire les parties en conflit." À l'en croire, les Algériens seraient devenus très procéduriers et nos tribunaux, encombrés, croulent sous les affaires. Plaidant pour la promulgation du statut de médiateur en Algérie, l'hôte d'El Moudjahid abordera longuement les avantages que procure ladite médiation, notamment sur le plan humain. "Dans les affaires de statut personnel, le juge est obligé, en vertu de la loi, de recourir à la conciliation. Cela dit, force est de constater que la plupart des affaires enrôlées se terminent par un divorce." Si la démarche du médiateur prend du temps puisqu'il doit entendre d'abord les parties individuellement avant de les réunir, il faut dire qu'en cas de réussite de la médiation, un procès-verbal est alors émis : "Il a la valeur juridique d'un jugement définitif, c'est-à-dire qu'il n'est susceptible ni d'appel ni de pourvoi. Le juge lui donne, pour sa part, une force exécutoire." On apprendra qu'il existerait ainsi, quelque 2 500 médiateurs en Algérie dont seulement 1 200 structurés au sein de l'association nationale. S'agissant des profils des médiateurs en exercice dans notre pays, la plupart sont des bénévoles parmi lesquels on peut retrouver des professeurs de médecine, des imams, etc. "Il n'y a pas de profil-type. Ce n'est pas un métier, mais une mission", explique M. Boukhelkhal qui reconnaît que nos valeurs ancestrales ne sont pas étrangères à ce rôle de la médiation qu'on peut retrouver, en effet, en Kabylie dans "tajmaât" ou encore dans le M'zab à travers "el-azzab", le conseil des sages. Il inscrit, par ailleurs, le rôle du médiateur judiciaire dans le prolongement de la "réconciliation nationale" et même, selon lui, dans "l'Etat civil" évoqué, ces derniers temps. Mohamed-Chérif Lachichi