Le secteur de la pêche à Jijel a enregistré une baisse conséquente dans la production halieutique durant l'année écoulée, a-t-on appris auprès des services de la direction de la pêche. Selon la même source, le volume de capture de poisson a atteint 4250 t, dont 90% de poisson bleu, 7% de poisson blanc et 2% seulement de crustacés, ce qui a fait reculer la production de 16%, précise-t-on. Les raisons de cette baisse qui influe directement sur les prix du poisson sont dues à la pollution qui a affecté les ressources halieutiques. Sur un autre volet, les prix du poisson, toutes espèces confondues, demeurent élevés, bien que Jijel possède une façade maritime qui représente le dixième du littoral algérien. En effet, le prix de la sardine, qui a connu une baisse sensible il y a quelques mois, a atteint de nouveau la barre des 400 DA, poussant les consommateurs à se tourner vers le poulet qui est cédé à 240 DA le kilo. "J'aimerais bien acheter du poisson, mais à ce prix-là, je préfère m'offrir un bon poulet pour que toute la famille puisse mettre la fourchette", dira un père de famille. Et d'ajouter : "Jijel est une ville côtière réputée pour la pêche et le poisson, c'est inconcevable de penser que de nos jours seuls les riches peuvent en acheter !" En effet, la sardine, qui était considérée comme un plat de base du commun des Jijéliens, n'est plus à la portée des consommateurs qui ont pris l'habitude de se rendre à la pêcherie, non pas pour acheter, mais juste pour demander les prix et revenir abasourdis, vu les prix exorbitants. Il faut dire qu'il y a quelques années, les familles à bas revenus achetaient de la sardine ou du poisson lorsqu'il n'y avait plus rien à manger à la maison. Les marins pêcheurs, pour leur part, justifient cette flambée des prix du poisson par la règle de l'offre et la demande ainsi que les difficultés de leur métier. "Tout le monde sait que le poisson est cher, mais quand celui-ci se fait rare, on est obligé d'élever la barre pour qu'on puisse nous aussi gagner notre vie. Il ne faut pas oublier que nous sommes aussi des commerçants (...) personne ne peut savoir comment nous galérons au large pour pêcher ce poisson, parfois nous nous exposons à tous les risques pour pouvoir remplir quelques casiers", dira un "raïs" ou commandant de chalutier pour justifier cette hausse. Pour ce qui est des crustacés, en l'occurrence le homard et la langouste, ils sont rarissimes et extrêmement chers, au même titre que le caviar et la crevette royale, surnommés les plats des riches. Que reste-t-il donc de la statue de l'homme pêcheur qui trône au centre-ville de Jijel et qui symbolise l'attachement de la population de l'antique Igilgili à la pêche marine ? Cette statue en bronze conçue par un Italien en 1888, où l'on peut apercevoir un raccommodeur de filets de pêche appelé "Conjador", semble toutefois symboliser des filets... sans poisson ! MOULOUD S.