A quelques jours de la Saint Sylvestre, le poisson blanc, crevettes et langoustes étaient pratiquement introuvables sur les étals des poissonneries. Raréfaction de ces mêmes produits également au port de la Grenouillère. La totalité des chalutiers et des petits métiers est restée à quai, face à la poissonnerie communale vide de poissons. Dans les restaurants classés, la panique a été générale. La pénurie intervenait au moment où il ne fallait pas. Car durant l'Aïd El Adha où gastronomiquement saturée de viande, la clientèle ne cessait pas de demander à consommer du poisson. Les rares établissements qui arrivaient à s'en procurer, le payaient cher, très cher même. Le kilogramme de crevette royale a atteint 2500 DA alors que la langouste, homard et autres crustacés sont restés introuvables. Pêchés par les pêcheurs algériens, ces décapodes étaient cédés à prix fort et en haute mer aux tunisiens et italiens. Le sourire narquois et goguenard même des armateurs à la question de savoir si les eaux algériennes ne produisent plus ce type de crustacés est révélateur de ce qui se passe dans cette haute mer, sur les quais algériens et à la limite de nos eaux territoriales. Ces derniers jours, la crise s'est accentuée. La disparition des crustacés a été suivie de celle du poisson bleu dont la sardine et la « latcha ». Beaucoup avaient imputé cette situation à l'immigration clandestine en nombre de dizaines de marins pêcheurs et patrons de pêche de Sidi Salem, Chetaïbi et du Cap de Garde. « C'est parce qu'ils ne pêchaient presque rien qu'ils ont décidé de tenter l'aventure de l'immigration clandestine. Les requins de la mer les ont tués à petit feu », a avoué Zineddine B. Son frère fait partie du nombre des immigrants clandestins. « Il est parti avec la petite embarcation qui nous a été attribuée par la wilaya dans le cadre du programme FNDRA. J'ai approuvé son choix même s'il l'a abandonnée avec le moteur sur les côtes de la Sardaigne. Le plus important est qu'il soit arrivé sain et sauf et qu'il se soit bien installé », a-t-il ajouté. Zineddine, dont le dos est déjà voûté, s'est, pour le moment, converti à la réparation des filets de pêche sur le quai de la grenouillère. Là où, justement, la colère des pêcheurs devait s'exprimer depuis samedi. « Il n'y a pas de grève. C'est une baisse d'activités comme cela est coutumier en pareille période », a affirmé l'un d'entre eux à la vue des journalistes. Il a précisé que certains pêcheurs avaient effectivement entamé un mouvement de débrayage pour protester contre les nouvelles dispositions édictées par le ministère de la pêche et des ressources halieutiques. « L'autorisation de pêche », « le contrat patron/marin pêcheur » et « le brevet de pêche » figurent dans le lot des motifs de récriminations de tous.