Plus qu'un fablier, Beit q'cid est ce florilège de "chiir el-malhoun" d'authenticité du terroir, où l'aède puise ses mots pour y accuser de l'index les maux d'une tranche de vie et d'existence, comme seul sait le faire le poète Rabah Haouchine. Sa muse ? la "Ziara" (visite) qui est aussi le thème de dévotion aux "Dahir" des saints d'Alger qui reposent aux côtés de Sidi Abderrahmane Ethâalibi. En effet, c'est en ce lieu de dévotion que l'ancien medersien trempe sa plume pour conter l'Alger d'antan, ce relais du savoir et des civilisations. Lire Beit q'cid, c'est retrouver sa "zarzahia" (glissade) d'enfance sur le darbouz de "Droudj" (escaliers) de Sidi Abderrahmane, son lieu de natalité à la rampe Louni-Arezki, où il aimait faire un brin de conversation avec le chantre de la musique châabi Amar Ezzahi, au café mythique l'Etoile de l'ancienne rampe Valée. À ce titre, Beit q'cid se veut aussi un témoignage d'amitié à la dimension de Amar Ezzahi, interprète de Djahel Leshab et Echemâa, du regretté Mahboub Safar Bati, ainsi qu'un hommage au duo de charme hadj M'rizek et H'sissen et tant d'autres, dont le talent est buriné pour la postérité au fronton du café l'Etoile qu'est la propriété de hadj Saïd, le papa à Rabah Haouchine. S'il en est un souvenir d'un passé où il faisait bon vivre dans l'Alger d'antan, celui-ci est à chercher dans ce café, l'Etoile qui brilla sur les soirées d'autrefois, à l'instar de la galerie artistique le Malakoff de Zoudj Aïoune. D'ailleurs, et à feuilleter Beit q'cid du pouce et de l'index, on ne peut qu'apprécier ce brin de nostalgie qu'accompagne la flânerie et la palabre à la rue Bencheneb (ex-rue Marengo) entre ouled el-houma du Mouloudia et de l'Usma qui s'apprécient dans l'action militante pour la culture. Et pour cause, cet économiste de vocation milite à l'association des Amis de la rampe Louni-Arezki, à l'exemple de son compagnon de route Lounis Aït Aoudia. Le duo y consacre ainsi du temps à la mise en valeur de la maison muséale du chahid Louni Arezki à Makouda en Kabylie, où le barde a aussi ses racines. Publié à compte d'auteur, Beit q'cid convie le lecteur à se ressourcer sur l'autel de "m'dh Errassoul" dont "Ouafet Errasoul", où il lui est loisible d'apprécier un chapelet de poèmes, à l'exemple de La Casbah et l'arbre et Dar Essoltane, en souvenir de la splendeur de la citadelle d'Alger. Tout bien considéré, il convient d'encourager Rabah Haouchine, qui marche sur l'itinéraire de ses aînés. Louhal N.