Intervenant après la réunion d'Alger du 1er décembre 2015, cette 8e rencontre entre les représentants des pays voisins de la Libye aura la lourde tâche de convaincre les parties libyennes de débloquer la situation pour permettre au gouvernement d'union nationale d'entamer ses activités. Alors que les accords de Skhirat, conclus à l'issue de la réunion d'Alger en décembre, laissaient penser que la sortie de crise était proche en Libye, voilà que la situation a pris une autre tournure avec l'incapacité du Parlement de Tobrouk d'accorder sa confiance au gouvernement d'union nationale formé par Fayez Al-Sarraj, pour cause d'absence de quorum. Hier, le Parlement de Tobrouk a annulé, pour la quatrième fois, la session devant statuer sur le nouveau gouvernement en raison d'absence de quorum. Devant ces blocages, les pays voisins de la Libye reprennent leur bâton de pèlerin et se réunissent, pour la huitième fois, au niveau des ministres des Affaires étrangères à Tunis avec pour objectif d'amener les parties libyennes, qui ont paraphé les accords de Skhirat, à donner leur feu-vert au gouvernement d'union nationale. En effet, c'est l'objectif de cette huitième rencontre car les choses risquent de se compliquer davantage, maintenant que le pays est doté de deux Parlements et de trois gouvernements. Il faut croire que la communauté internationale ne restera pas les bras croisés face à cette situation inédite, qui ne fait qu'accentuer les divisions. Le Parlement de Tobrouk pourrait perdre cette reconnaissance internationale, qui a fait sa force jusque-là. Il appartient donc aux participants à cette réunion, dont le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, de sensibiliser les parties libyennes sur la gravité de la situation. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette rencontre aura pour ordre du jour "les derniers développements en Libye et les efforts que déploient les pays voisins pour soutenir le processus politique conduit par les Nations unis dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord politique libyen signé le 17 décembre 2015 et de l'établissement du Gouvernement d'union nationale à Tripoli". Il va falloir une fois de plus tirer la sonnette d'alarme pour convaincre les parties libyennes d'agir rapidement et également demander à la communauté internationale d'augmenter la pression sur elles pour que le gouvernement de Fayez Al-Sarraj entre enfin en fonction, pour que la Libye ait une autorité reconnue par tous. Ceci étant, aux blocages internes viennent s'ajouter les différends enregistrés entre les participants aux travaux d'élaboration de la nouvelle constitution libyenne, qui sera soumise à référendum. En effet, selon le journal libyen Al-Wassat, les Touaregs, les Toubous et les Amazighs libyens exigent l'officialisation de leurs langues et de leur culture, alors que des parties s'accrochent uniquement à la langue arabe comme langue officielle. Les représentants des minorités du sud de la Libye demandent aussi une représentation au Parlement équivalente à au moins 3% des sièges, ainsi que trois au moins pour chaque minorité au sénat, et une participation au sein de toutes les institutions indépendantes. Rappelons qu'outre la Libye et la Tunisie, pays hôte, prendront part également à cette réunion, les ministres des Affaires étrangères de l'Egypte, du Tchad, du Niger et du Soudan. Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye Martin Kobler ; les représentants de l'Union africaine et de l'Union européenne seront présents à cette session. Merzak Tigrine