Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a repoussé à la semaine prochaine le vote sur le gouvernement d'union nationale, au moment où cette dernière ne cesse de souligner l'importance de lutter contre le terrorisme en Libye "dans le cadre de la légalité internationale". Faute de quorum, le Parlement basé à Tobrouk (est), n'a pas pu tenir mardi dernier une séance consacrée au vote sur le gouvernement d'union nationale et a reporté, de ce fait, l'examen de cette question à la semaine prochaine. "Le quorum requis pour la réunion (89 députés) n'a pas été atteint, donc le président de la chambre a levé la séance", a indiqué le député Mohamed al-Abbani. "(...), La séance de vote a par conséquent été renvoyée à la semaine prochaine", a confirmé le député Ali Al-Qaïdi qui a expliqué que ce report était dû aux divergences entre les députés autour du "programme du gouvernement unitaire". Les députés plaident, selon un autre parlementaire, pour un vote sur l'inclusion de l'accord politique, conclu en décembre 2015, dans la Constitution de 2011 avant le vote sur le gouvernement d'union. Après d'âpres discussions, le Conseil présidentiel libyen avait annoncé la formation d'un gouvernement d'union nationale de 18 membres, dont cinq ministres d'Etat et trois femmes, qu'il a soumis au Parlement reconnu, dont l'approbation va permettre l'émergence d'un cadre institutionnel légal susceptible de régler la crise politique et sécuritaire qui secoue la Libye depuis les troubles de 2011 ayant renversé le dirigeant Maamar El-Gueddafi. Le Conseil présidentiel est composé de neuf membres de factions rivales libyennes et dirigé par Fayez al-Sarraj, appelé à devenir le Premier ministre selon un accord conclu sous l'égide de l'ONU, entre des représentants des deux Parlements rivaux libyens. "Défaire Daech passe par un gouvernement libyen légitime" Devant le retard accusé dans l'approbation du gouvernement d'union, soutenu par l'ONU, plusieurs pays et organisations ont insisté sur la lutte contre les groupes terroristes en Libye "dans le cadre de la légalité internationale". Après avoir reçu dimanche à Alger le secrétaire d'Etat adjoint américain aux affaires politiques, Thomas Shannon, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, a souligné que la lutte contre le terrorisme en Libye "doit s'inscrire dans le cadre de la légalité internationale et du respect de la souveraineté, de la sécurité et de la stabilité de ce pays". L'Algérie a, depuis le début de la crise libyenne, exprimé son soutien à une solution politique et pacifique au conflit libyen ainsi qu'à la mise en place d'un gouvernement inclusif. Pour sa part, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, a estimé que "défaire efficacement" l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI, Daech) qui ne cesse de gagner du terrain en Libye profitant du chaos et du vide institutionnel, "ne peut se faire qu'en passant par un gouvernement libyen légitime et en charge de sa propre sécurité". "En Libye, c'est aux Libyens d'affronter cette menace par eux-mêmes, alors que le peuple libyen est épuisé, et il faut mettre fin à ce chaos", a-t-elle souligné dans un entretien au quotidien français le Journal du Dimanche, exprimant le soutien de l'UE aux efforts pour la mise en place d'un gouvernement d'union. Ces déclarations interviennent au lendemain de la frappe américaine à Sabrata à l'ouest de Tripoli, condamnée par le gouvernement de Tobrouk y voyant "une violation flagrante de la souveraineté de l'Etat libyen et des conventions internationales". Le Pentagone a, de son côté, soutenu que le bombardement américain à Sabrata visait un camp d'entraînement du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) en Libye. Dans le même contexte, l'envoyé spécial des Nations unies en Libye, Martin Kobler, avait récemment exprimé sa conviction que "le moment n'est pas indiqué pour mener des raids aériens par la communauté internationale contre Daech en Libye, et estimé que ces frappes peuvent "anéantir" les efforts pour la formation d'un gouvernement d'union. Par ailleurs, la situation en Libye sera au centre d'une réunion, en mars prochain à Tunis, des Etats voisins de ce pays, plongé dans une grave crise. La situation s'est aggravée davantage depuis l'an dernier, deux autorités politiques se disputant le pouvoir, l'une basée à Tripoli et l'autre à Toubrok.