Tout en continuant à bloquer l'entrée en fonction du gouvernement d'union nationale formé par Fayez Sarraj, les autorités reconnues de Tobrouk mettent en garde la communauté internationale contre une plus grande division de la Libye. Avec deux gouvernements et deux Parlements en place, la Libye semble sur le point de voir le gouvernement d'union nationale de Fayez Sarraj entrer en fonction. Cela ne fera qu'aggraver la crise multidimensionnelle que vit ce pays. Et les déclarations de Fayez Sarraj, le Premier ministre du gouvernement d'unité et chef du conseil présidentiel, annonçant jeudi sur une chaîne de télévision libyenne que son gouvernement sera dans la capitale Tripoli dans quelques jours, ont fait réagir le gouvernement libyen de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, qui a mis en garde vendredi contre "le fait d'imposer le gouvernement d'unité". Dans un communiqué rendu public, il a expliqué qu'une telle initiative augmenterait les divisions dans le pays. "Le gouvernement libyen met en garde la communauté internationale contre les initiatives prises par certaines parties internationales pour imposer ce gouvernement, sans respecter l'accord politique", souligne la même source, qui estime qu'une telle initiative "approfondira les crises politiques et économiques du pays et augmentera la situation de division". Deux jours auparavant, le gouvernement de Tripoli avait, quant à lui, affirmé qu'il empêcherait le gouvernement d'union de s'installer dans la capitale, estimant qu'un "gouvernement imposé depuis l'étranger ne bénéficiant pas du consensus des Libyens (...) n'a pas sa place parmi nous". Profitant certainement de l'avis rendu lundi dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU réaffirmant la nécessité que le gouvernement d'union nationale libyen siège à Tripoli "après la prise de mesures pour garantir sa sécurité", le nouveau Premier ministre libyen a fait l'annonce de son installation dans la capitale. Le gouvernement d'entente nationale en Libye "doit être basé dans la capitale Tripoli, après la prise de mesures pour garantir sa sécurité", avait souligné l'organe exécutif des Nations unies sur le site officiel de l'organisation, tout en encourageant le Conseil présidentiel libyen à "travailler rapidement à cette fin dans l'intérêt du peuple libyen". Dans son communiqué, Fayez Sarraj a expliqué que le Conseil avait un plan, impliquant les forces de police et militaires dans la capitale et certains groupes armés, ainsi que les Nations unies, afin de garantir et faciliter le déménagement du gouvernement dans la capitale. Selon l'accord de Skhirat, le gouvernement d'union nationale devait rentrer en fonction après un vote de confiance du Parlement élu, reconnu internationalement, lequel tarde à se prononcer faute de quorum lors des deux réunions tenues jusque-là. Merzak Tigrine