C'est à l'homme d'affaires tripolitain Fayez Sarraj auquel a été confiée la dure mission de diriger cette équipe, dont l'objectif prioritaire est de réconcilier les Libyens entre eux, de désarmer les milices qui pullulent dans le pays et, enfin, de combattre le terrorisme. La perspective d'un début de sortie de crise en Libye commence à se dessiner. L'espoir a été rendu possible à nouveau après la formation, hier, d'un gouvernement d'union nationale. L'accord politique signé, le 17 décembre dernier à Skhirat, par des représentants des factions libyennes avait confié, rappelle-t-on, à un Conseil présidentiel de neuf membres la mission de désigner dans un délai d'un mois un gouvernement d'union nationale. La constitution de cet Exécutif composé de 32 ministres est le résultat d'âpres négociations. Plusieurs propositions de gouvernement ont d'ailleurs été passées à la trappe, avant de trouver le bon «dosage régional». C'est finalement à l'homme d'affaires tripolitain Fayez Sarraj qu'a été confiée la dure mission de diriger cette équipe, dont l'objectif prioritaire sera de réconcilier les Libyens entre eux, de désarmer les milices qui pullulent dans le pays et, enfin, de combattre le terrorisme. Le gouvernement Sarraj dispose d'un mandat de deux années qui doit s'achever par la tenue des élections générales. Pour autant, il ne faut pas trop vite crier victoire, car ce gouvernement d'union ne pourra véritablement se mettre à l'ouvrage que lorsqu'il aura obtenu la «baraka» du Parlement de Tobrouk. Et pour le moment, c'est ne pas complètement acquis. Il y a lieu de rappeler que l'accord politique signé le 17 décembre dernier sous l'égide de l'ONU n'a pas encore été ratifié par les Parlements de Tripoli et de Tobrouk. Les pressions amicales de l'UE Mais dans l'absolu, pour que ce gouvernement d'union devienne opérationnel, il doit être approuvé par une majorité des deux tiers sous deux semaines et deux jours. Selon les médias libyens, il est prévu que le Parlement de Tobrouk tienne une séance lundi prochain à cet effet. Dans cette perspective, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini, a exhorté hier la Chambre des représentants en Libye et le Parlement reconnu internationalement à se réunir rapidement pour approuver ce gouvernement d'union nationale. «Il appartient maintenant à la Chambre des représentants et à sa présidence de faire preuve du même esprit de compromis et de se réunir rapidement pour approuver le gouvernement, conformément aux dispositions de l'accord politique» signé en décembre sous les auspices de l'ONU par des membres des deux Parlements libyens rivaux, a-t-elle déclaré. «La Libye est à un moment critique et il est crucial que tous les acteurs politiques et de sécurité défendent les intérêts de leur pays», a-t-elle estimé, soulignant que «seul un gouvernement libyen d'union, soutenu par tous les citoyens, sera en mesure de mettre fin à des divisions politiques, vaincre le terrorisme et relever les nombreux défis, sécuritaires, humanitaires et économiques, auxquels le pays est confronté». Mais au vu de la composante de ce gouvernement, tout le monde devrait normalement y trouver son compte. Les trois principales régions du pays, à savoir la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque, y sont également représentées et chacune d'elles détient au moins un portefeuille de souveraineté. Comme exigé par les milices de l'Ouest libyen, le controversé général Khalifa Haftar, commandant des forces loyales au pouvoir de l'Est, ne fait pas partie des 32 ministres, parmi lesquels on ne compte qu'une femme. D'après la composante du gouvernement d'union, le portefeuille de la Défense est, en effet, revenu à Al Mehdi Ibrahim Al Bourghouthi, celui de la Justice à Abdesselam Al Djenidi et l'Intérieur à Al Aaref Al Khodja. Celui des Affaires étrangères a été confié à Marwan Ousriouil, le ministère de la Coopération internationale à Mahmoud Faraj, et le ministère des Finances à Taha Mohamed Sarkaz. En attendant que la situation sécuritaire soit maîtrisée à Tripoli, c'est depuis Tunis que le nouveau gouvernement libyen a décidé de travailler.