Selon une source interne à Sonatrach, cette décision a certainement été prise d'une manière unilatérale pour garantir la sécurité de leurs personnels. Mais cela ne veut pas forcément dire que c'est un retrait de leurs projets en Algérie. Les groupes britannique BP et norvégien Statoil ont annoncé hier, lundi, qu'ils allaient temporairement retirer leurs personnels en Algérie après l'attaque qui a visé le site gazier de Krechba d'In Salah, vendredi dernier. BP a décidé d'entreprendre progressivement un déménagement temporaire de tous ses employés des coentreprises d'In Salah et In Amenas au cours des deux prochaines semaines, a indiqué le producteur d'hydrocarbures dans un communiqué. Il s'agit d'une mesure de précaution, explique BP. Statoil vient également de prendre la décision de réduire son personnel présent sur les sites gaziers en Algérie, a indiqué son porte-parole, Knut Rostad, à la presse norvégienne. "La sécurité de nos employés est notre première priorité. Avec British Petroleum, nous avons conclu que c'est la bonne décision à l'heure actuelle. Nous suivons de près la situation en Algérie", explique encore Knut Rostad, selon lequel le départ des employés de Statoil d'Algérie se fera progressivement. Néanmoins, la compagnie norvégienne "assurera le suivi des activités" des sites gaziers en question. Comme celui d'In Amenas qui a subi une prise d'otages meurtrière en janvier 2013, l'actif gazier d'In Salah est exploité par une coentreprise rassemblant Sonatrach, la société nationale algérienne des hydrocarbures, BP et Statoil. Pour rappel, le 16 janvier 2013, un groupe de 32 terroristes, venus du Mali, avait pris en otage des centaines d'employés du complexe de Tiguentourine, à 40 km d'In Amenas. Après l'attaque, Statoil avait retiré l'intégralité de ses personnels étrangers. Contactée par Liberté, la direction générale de Sonatrach n'a ni infirmé ni confirmé l'information. Selon une source interne à Sonatrach, cette décision a certainement été prise d'une manière unilatérale pour garantir la sécurité de leurs personnels. Mais cela ne veut pas forcément dire que c'est un retrait de leurs projets en Algérie. D'ailleurs, ajoute-t-il, le rapatriement peut se faire, pour un temps, dans un pays voisin, en attendant un retour sur les sites. Il vrai que décider de réduire ses effectifs en Algérie ne signifie en aucune manière un retrait des projets en Algérie. D'ailleurs, le porte-parole de Statoil a indiqué que sa compagnie poursuivra la gestion du site à distance à partir d'un site délocalisé, en travaillant avec ses partenaires. Néanmoins, cette décision de BP et Statoil met en évidence que la menace terroriste sur l'Algérie effraie encore les investisseurs étrangers. L'attaque à la roquette, heureusement sans conséquence, qui a ciblé le site gazier de Krechba, remet au goût du jour la question de la sécurisation des installations pétro-gaziers. Depuis l'attaque du complexe de Tiguentourine en 2013, les services de sécurité ont déployé tous les efforts nécessaires, humains et matériels, afin que toutes les installations, ainsi que le personnel y travaillant soient parfaitement sécurisés. L'attaque de vendredi dernier semble suggérer que le renforcement des mesures de sécurité autour des installations pétro-gazières soient insuffisantes. Ce qui n'est vraiment pas une bonne nouvelle pour notre pays qui cherche à drainer des investissements dans cette conjoncture économique très complexe. La stratégie énergétique de l'Algérie à l'horizon 2030 s'articule autour de l'augmentation de la production pour garantir une indépendance énergétique à long terme. Dans un contexte d'insuffisance des ressources financières, le partenariat constitue, pour ainsi dire, une solution alternative. Même si sur le plan législatif, l'attractivité du domaine minier algérien a connu une amélioration significative à la faveur de la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui a introduit de nombreuses facilitations pour l'investissement étranger, du travail reste à faire pour se débarrasser de cette épine que constitue la sécurisation des sites pétro-gaziers. SAID SMATI