Ces brouilleurs seront installés au niveau des centres d'examen et rendront impossible toute communication entre le candidat et une tierce personne se trouvant à l'extérieur. La ministre de l'Education s'est exprimée, hier, dans un long entretien avec l'APS dans lequel elle a abordé plusieurs sujets qui sont au cœur de l'actualité. Mais d'abord une annonce importante : la lutte contre la fraude au bac. Pour cela la ministre a évoqué la possibilité de faire usage des nouvelles technologies comme les brouilleurs pour contrer les tentatives de triche lors de l'examen du baccalauréat. "Tous les moyens technologiques, dont les brouilleurs des moyens de communication, seront utilisés pour contrer toute velléité d'enfreindre la réglementation et de tricher lors de l'examen du baccalauréat", a expliqué Mme la ministre. Concernant les programmes, objet dernièrement d'une rencontre nationale qu'elle a présidée, la ministre a rassuré que la mise en œuvre de ces programmes de deuxième génération entre dans le cadre de "la révision ordinaire" des programmes. Une façon de répondre indirectement à certaines parties, notamment les islamistes qui l'accusent de remise en cause. "La commission au niveau du ministère de l'Education travaille sur la révision des programmes depuis 2009, et ce, dans le cadre de la révision ordinaire des programmes", a-t-elle affirmé précisant que cette commission s'est penchée sur les programmes de 2003 ce qui donne environ 13 ans de durée, alors que "la norme internationale oscille entre 3 et 5 ans". En fait, explique-t-elle, ces programmes sont une nécessité et arrivent en correction des anciens programmes aujourd'hui dépassés, au vu des standards pédagogiques universels. Les nouveaux programmes, dits de "deuxième génération, accordent plus de liberté à l'enseignant et plus de responsabilité dans l'évaluation des élèves, en prenant en considération ses différentes compétences dans l'apprentissage", a-t-elle argumenté, tout en ajoutant : "C'est une vision qui donne une meilleure cohérence et un confort à l'enseignant qui doit avoir une capacité de mesure. Nous sommes passés du programme au curriculum, une méthodologie qui permet à l'enseignant de prendre en compte l'ensemble des compétences, capacités et activités de l'élève. C'est la fameuse approche par compétence." Concernant le concours de recrutement, elle a indiqué que ce dernier aura bien lieu le 30 avril prochain et les résultats définitifs seront connus le 30 juin pour les 28 000 postes budgétaires ouverts pour les trois paliers. "Nous avons choisi la date du samedi 30 avril pour ne pas perturber la scolarité des élèves", a justifié la ministre qui a ajouté que "le test oral interviendra bien après le déroulement des examens nationaux". Quant aux lacunes sur le plan pédagogique des futurs enseignants, la ministre semble avoir trouvé la parade. "Nous allons compenser le manque pédagogique par un encadrement de qualité, l'accompagnement et la prise en charge à travers les inspections", a-t-elle expliqué, insistant sur le recrutement des diplômés des Ecoles normales supérieures des enseignants (ENS). Mme Benghabrit a également soulevé un autre problème auquel son secteur est confronté : les départs massifs à la retraite anticipée. Le nombre des départs à la retraite anticipée des enseignants a atteint un taux de 96% du nombre total (des départs à la retraite) pour l'année 2016, a révélé la ministre. Selon elle, les raisons de ce "phénomène" sont à chercher dans l'"amélioration des conditions financières" des enseignants, suite à l'augmentation des salaires intervenue depuis 2010. Tout en exprimant son "regret devant cette flambée de départs de compétences ayant un niveau d'expérience sur le plan éducatif et pédagogique", la ministre a relevé que "nous ne pouvons pas les empêcher de partir dans la mesure où la loi le permet". La réglementation en vigueur autorise les enseignants hommes à faire valoir leurs droits à la retraite anticipée après 20 ans de cotisations et 50 ans d'âge, et 15 de cotisations et 45 ans d'âge pour les femmes, a-t-elle expliqué. Evoquant le problème des enseignants contractuels qui menacent de recourir à une démission collective et le boycott du concours du 30 avril, Mme Benghabrit a appelé à la "responsabilité de chacun". "Ils doivent assumer leur responsabilité. Je leur conseille cependant, d'y renoncer (...) sachant que la loi ne leur permet pas une intégration directe car la Fonction publique a l'obligation d'équité", a-t-elle souligné. M. Mouloudj