La sortie médiatique du député FLN et ancien P-DG d'Air Algérie, Wahid Bouabdellah, à travers laquelle il critique Chakib Khelil et fait l'éloge du général Toufik, va à contresens des positions du SG du parti, Amar Saâdani. Intrigant. Wahid Bouabdellah ne mâche pas ses mots lorsqu'il s'agit de se prononcer, voire se positionner vis-à-vis de sujets d'actualité brûlants, et que beaucoup d'anciens cadres de la nation éviteraient d'aborder en ces temps de grandes incertitudes. Et c'est dans les colonnes du quotidien arabophone El Khabar que l'ancien P-DG d'Air Algérie a commenté, ce jeudi, le retour de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, au pays, ainsi que la question de sa "réhabilitation". Le propos est osé et va carrément à contresens de la position du SG du Front de libération nationale, Amar Saâdani, étant donné que Wahid Bouabdellah siège à l'Assemblée populaire nationale (APN), en tant que député FLN. Wahid Bouabdellah estime d'abord que les deux affaires Sonatrach et autoroute Est-Ouest "ne peuvent pas être sans fondements", sans quoi, souligne-t-il, "ce serait insulter la justice algérienne qui a traité de ces deux dossiers". À la question de savoir donc si "les deux affaires ne seraient pas une fabrication du DRS tel que le soutiennent Amar Saâdani et Amar Ghoul", le député FLN est plutôt d'un avis contraire. Mieux, il réclame d'aller encore plus loin dans le traitement de ces deux affaires : "Nous avons fait le procès et condamné les coupables dans l'affaire Sonatrach I et celle de l'autoroute Est-Ouest. Maintenant, il y a lieu de situer les responsabilités dans tout ce gaspillage, car il n'y a pas de mauvais soldats mais de mauvais généraux." Faut-il alors réhabiliter l'ancien ministre de l'Energie ou non ? Wahid Bouabdellah pense que "la réhabilitation de Chakib Khelil est une opération légitime pour ceux qui la prônent". Cependant, il considère qu'il y a "problème" dans la manière avec laquelle cela peut être rendu possible, puisque "des zones d'ombre entourent toujours le dossier". Il cite d'ailleurs l'exemple du projet de réalisation du gazoduc GR2, et s'interroge sur l'octroi du marché à Saipem, alors que l'offre de Cosider était trois fois moins coûteuse. "Pourquoi Chakib Khelil n'a-t-il pas appliqué le principe de préférence nationale au profit de Cosider qui allait réaliser le projet dans les délais et selon les normes requises ?", s'est-il demandé à propos de ce gros marché qui, pour rappel, s'est avéré l'élément déclencheur de l'affaire Sonatrach II. Quant à ce qu'il pense d'Amar Saâdani et d'Amar Ghoul qui réclament d'ailleurs la réhabilitation de Chakib Khelil, l'ancien patron d'Air Algérie se veut plutôt ironique : "Ce sont deux responsables politiques et ils ont le droit de faire des déclarations sur ce qu'ils savent. Ce que nous demandons, c'est qu'ils en soient convaincus." À la question de savoir si "le DRS n'a pas fabriqué des dossiers de corruption pour acculer des personnalités innocentes", Bouabdellah contredit ouvertement son chef dans le parti : "Personnellement, je m'abstiens de remettre en cause une institution nationale légale qui a joué son rôle pleinement (...) lorsque l'Etat algérien était menacé d'effondrement." Et comme pour mieux marquer sa différence avec Amar Saâdani, il ajoute : "Je ne veux pas passer du qui tue qui ?... au qui a fait quoi ?... car cela est très dangereux. Remettre en cause le DRS, c'est attaquer le président de la République. Et lorsqu'on parle de qui a fait quoi ?... il y a lieu d'enquêter sur tout, sur les fortunes dissimulées de manière illégale, sur les ressources distribuées de manière scandaleuse sur les barons politico-financiers. Sur la destruction de l'économie nationale, l'affaire du tabac, les opérateurs téléphoniques et bien d'autres affaires brûlantes." S'agissant de l'ex-patron du DRS, le général Toufik, le député FLN estime qu'"il n'y a pas en Algérie un responsable qui a occupé un poste de responsabilité aussi important et qui a été comme lui à la hauteur de sa mission, probe et loyal envers le président de la République". Bouabdellah trouve lâches ceux qui le critiquent aujourd'hui alors qu'il n'est plus en poste. "Le temps finira par donner raison à cet homme qui a accompli des missions que refusaient les traîtres, les lâches, les corrompus et les harkis", dira-t-il. Mehdi Mehenni