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Entre le marteau et l'enclume
27e partie
Publié dans Liberté le 02 - 04 - 2016

Résumé : Après la dernière scène qu'elle venait d'avoir avec son mari, Houria fera semblant de s'assagir. Elle tente aussi de trouver un nouveau job, et est embauchée dans un restaurant. Les horaires de travail l'arrangeaient. Elle quittait le boulot en fin de journée avec sa rémunération quotidienne et des restes du déjeuner.
Elle passait alors dans quelques magasins de lingeries ou de prêt-à-porter pour y laisser les quelques billets gagnés durement.
Amar, cette fois-ci encore, n'y avait vu que du feu. Pour lui, les sorties de Houria se justifiaient par l'ennui et le bol d'air quotidien fort nécessaire à la petite Melaaz.
Quelques mois passent. Houria menait sa vie comme elle l'entendait. Son travail au restaurant satisfaisait ses caprices, et elle trouvait bizarre que son mari n'ait jamais cherché à savoir où elle passait ses après-midi. Elle riait sous cape parfois, lorsqu'au dîner, Amar entamait un plat ramené du restaurant. Comme il était souvent fatigué, il avalait rapidement ce qu'elle lui servait, et se mettait tout de suite au lit. Cette situation dura quelques mois et aurait pu durer davantage si un drame n'y avait pas mis fin. Un jour, alors que la petite Melaaz, qui souffrait de la poussée dentaire, faisait une forte fièvre, Houria voit un médecin qui lui conseillera de l'hospitaliser immédiatement si la fièvre persistait. Mais au lieu de s'occuper de sa fille, cette inconsciente ignora les conseils du pédiatre et se rendit au restaurant pour entamer sa journée. Mal lui en prendra, car l'enfant convulsera et perdra connaissance. C'est un client qui s'en apercevra et insistera pour la conduire à l'hôpital. Mais il était déjà trop tard. L'enfant rendra l'âme durant le trajet. Houria poussera de grands cris d'horreur. Sa fille venait de trépasser par sa faute. Elle se maudit et se frappe la tête et la poitrine en se demandant comment elle allait expliquer à son mari la mort de leur fille. Aucun argument ne sera valable dans son cas. Elle prend un taxi pour rentrer et rencontre sa voisine de palier dans les escaliers. Cette dernière venait de récupérer Ghania de la crèche, et la tenait par la main. À la vue du visage décomposé de Houria, elle comprit qu'un malheur était arrivé. Cette dernière lui narre son drame et reconnaît que c'est elle la coupable dans le décès de sa petite Melaaz.
Amar revint de son travail et sentit tout de suite l'atmosphère lugubre qui régnait chez lui, d'autant plus qu'une foule de voisins se trouvait sur les lieux. On s'interrogera du regard à sa vue, et quelqu'un s'approchera de lui pour le mettre au courant de la tragédie qui venait de frapper sa famille. Amar sentira son sang se glacer dans ses veines. Il tituba et se retint à un meuble. Son voisin le prend par les épaules et l'aide à prendre place dans un fauteuil. Le jeune homme verse les larmes de son corps. La petite Melaaz était un ange. Un ange qu'il affectionnait et aimait de toutes ses forces. Meriem et Ghania s'approchèrent de lui. L'une se jette dans ses bras, et l'autre tente de monter sur ses genoux. Il les serre très fort contre lui et s'essuie le visage avant de se lever pour chercher des yeux Houria. Mais où était-elle donc passée ? Et pourquoi avait-elle laissé mourir la petite alors qu'elle pouvait la conduire à l'hôpital ou le contacter lui-même pour la prendre en charge ?
-Houria ! Houria !, se met-il à crier.
Quelques voisines tentèrent de le calmer. Mais il se rue dans sa chambre, puis dans celle de Meriem où son épouse s'était refugiée. À sa vue, elle se cache le visage et se met à sangloter.
-Malheureuse. Qu'as-tu fais à ma fille ?
-Rien. C'est la volonté de Dieu qui...
-La volonté de Dieu ! Que faisais-tu alors que la petite souffrait d'une forte fièvre ? Pourquoi ne l'as-tu pas emmenée à l'hôpital ? Tu aurais pu aussi m'appeler.
-Je ne le pouvais pas. Je ne savais pas que c'était aussi sérieux. Je...
Elle se remet à sangloter et détourne la tête, mais Amar la force à se lever et à le regarder dans les yeux :
-Où étais-tu alors que la petite souffrait ? Dans les magasins ?
-Non. Non. Pas dans les magasins. J'étais occupée.
-Occupée ?, rugit Amar. À quoi ? À te regarder dans la glace ?
-Non. À faire la vaisselle et le parterre. J'étais en plein boulot.
De plus en plus intrigué, Amar fronce les sourcils et tire sur la ceinture de son pantalon :
-Non ! Je t'en supplie Amar. Pas devant les voisines.
(À suivre) Y. H.


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