Les membres du réseau ont, quand même, eu quelques années pour développer les différentes formes et astuces du trafic. Deux procédés reviennent souvent. Le premier consiste à introduire des ordonnances complètement falsifiées. C'est-à-dire que même les noms des médecins sont fictifs. Le second diffère un peu, puisque le document porte un cachet de vrais médecins, mais avec de faux malades. Selon l'enquête des services concernés, c'est l'un des deux infirmiers, exerçant au CHU de Parnet, qui a confectionné un cachet de médecin imaginaire qu'il apposait au bas de chaque ordonnance. Pour ce qui est des “faux” malades, ce sont, soit des connaissances qui acceptent de prendre le risque et d'empocher la moitié du remboursement, soit des assurés à l'agence qui ignorent tout jusqu'au jour où ils sont convoqués par les enquêteurs. Les victimes sont repérées notamment au niveau du CHU et de l'agence. L'une d'elle n'est autre qu'un jeune homme qui, à la suite d'un accident de la circulation, s'est retrouvé handicapé. Ne pouvant plus se déplacer, un voisin à lui s'est proposé pour s'occuper de ses remboursements. Il s'est avéré, plus tard, que le voisin ne rendait service qu'à lui-même. Il a tout simplement gardé la photocopie de la pièce d'identité de son voisin afin de l'utiliser pour rembourser des ordonnances falsifiées. Les correspondants sociaux impliqués pouvaient, quant à eux, multiplier le trafic vu le nombre important des travailleurs des entreprises qu'ils représentent. Là, les choses étaient très simples : poser un nom sur des ordonnances et même des congés de maladie. Les sommes seront partagées entre les deux parties sans que le fonctionnaire ne soupçonne quoi que ce soit. Autre formule assez courante, également, consiste à jouer sur le montant des remboursements des assurés qui bénéficient d'un taux de remboursement de 100%, en les privant de 20% de leur dû. Il faut savoir, à ce propos, que les guichetiers impliqués dans le trafic touchent une “tchipa” de deux cents à cinq cents dinars le dossier. Selon les aveux de certains, près de deux cent demandes falsifiées sont étudiées et couvertes en une seule journée. M. B.