La dernière visite du ministre de la santé, de la population et de la reforme hospitalière à Jijel a remis au gout du jour la nécessité de la réhabilitation d'un secteur qualifié par le ministre lui-même de «malade». Il n'est d'ailleurs un secret pour personne que ce secteur demeure confronté à des situations difficiles quant il s'agit d'offrir des soins de qualité à des malades, qui s'orientent, par dépit, vers le privé. Le manque de spécialistes et de certains examens biologiques et radiologique a souvent été à l'origine de cette orientation vers des structures privées plus que jamais aux aguets pour sauter sur l'aubaine que leur offre les défaillances du public. Le ministre a d'ailleurs promis de trouver des solutions au problème du manque de spécialistes, tout en prenant la décision d'octroyer des équipements scénographiques aux hôpitaux de Taher et d'El Milia. Le plus urgent demeure, cependant, la couverture de certaines spécialités médicales telles, la gynécologie, la cardiologie ou même la réanimation, qui font cruellement défaut dans certaines structures de santé. «Sans ces spécialités, on ne peut que se préparer au pire en cas d'arrivé d'une malade présentant des signes de complications, la réanimation médicale, tout comme la cardiologie et la gynécologie sont indispensables dans les sévices hospitaliers», avertit un médecin. Autant dire qu'à l'exemple de la gynéco-obstétrique, les parturientes présentant des risques d'accouchements dystociques sont souvent orientées vers le CHU de Constantine, où elles éprouvent les pires difficultés pour y être admises. A l'hôpital de la ville d'El Milia, la seule gynécologue affectée à cette structure est soumise à une pression terrible de part la lourde charge du travail qu'elle doit supporter. En l'absence d'un gynécologue, les sages femmes et les médecins généralistes se retrouvent dans l'obligation de faire un boulot qui n'est pas le leur, avec ce risque de faire face à la justice en cas d'une issue fatale à l'accouchement. Il est de notoriété que beaucoup de cas dans pareilles situations ont atterri dans les couloirs des tribunaux dans le sillage de l'exercice de ce métier devenu à risque dans un secteur, où l'on fait tout pour sauver des vies humaines, malgré ces difficultés. Le personnel des services des urgences médicochirurgicales n'est pas mieux loti, dans la mesure où il vit le calvaire dans l'exercice de ses fonctions. Outre une charge de travail de plus en plus pénible, il doit faire face aux caprices de certains malades ou de leurs accompagnateurs, qui par manque de spécialistes ou de certains produits, se retournent contre les infirmiers et les médecins. Dans les autres services hospitaliers ou dans les polycliniques, le constat ne diffère pas. Le ministre, qui a rendu hommage, selon les propos qu'il a tenu, aux blouses blanches, pour la noble mission d'accompagner les malades dans ces conditions, a fait part de sa volonté de remédier à ces difficultés. Il s'est donné un délai de trois à quatre mois pour revoir toute la copie du système de santé. Devant les cadres de son secteur, il a invité les directeurs des établissements de santé à assainir la situation financière de leurs établissements pour mieux les gérer. Une commission composée de directeurs centraux de son département est prévue pour être dépêchée à Jijel pour se pencher sur les lacunes soulevées.