Le manque de médecins spécialistes se fait durement ressentir à l'EPH de Thénia. Il est vrai que la prise en charge des malades a connu une amélioration notable après l'ouverture du nouveau bloc de 120 lits, mais certains services connaissent un grand déficit en matière de personnel. C'est le cas du service de gynécologie qui connait une affluence record à longueur d'année. La nouvelle maternité, dotée de 42 lits, est la seule qui fonctionne à plein temps au niveau de toute la wilaya. Il y a quelques mois, la garde était assurée à tour de rôle par 10 gynécologues, mais cinq d'entre eux ont fini récemment le service civil, fixé à quatre ans par la loi. Maintenant, il ne reste que cinq gynécologues, ce qui est insuffisant au vu du nombre croissant de femmes qui viennent y accoucher. «On enregistre une moyenne de 600 naissances par an et 20 à 25 accouchements par jour, dont un tiers par césarienne. Nos statistiques ont démontré que 33% des femmes admises habitent hors wilaya, à Bouira notamment», affirme M. Zeghdoudi, le directeur de l'établissement. Malgré les progrès enregistrés en matière de la qualité des soins et des infrastructures, des centaines de femmes enceintes de la région partent parfois jusqu'aux clinques Parnet d'Alger et Sbihi de Tizi-Ouzou pour accoucher et ce, à cause de l'absence de gynécologues ou/et l'insuffisance de lits. «Le service de gynécologie affiche complet à longueur d'année. C'est pour cela que nous souhaitons l'affectation d'autres gynécologues pour répondre aux besoins», dira M.Zeghdoudi, ajoutant que ceux qui sont en poste assure les consultations même au niveau des polycliniques de Béni Amrane et Boumerdès. Le calvaire des parturientes Un cadre du secteur explique ce déficit par la complexité du système et la durée de la formation des médecins spécialistes en Algérie. «Le calvaire qu'endurent les parturientes pour trouver une structure d'accouchement est aggravé après la suspension de la formation accélérée (Certificat d'études spécialisées) en 2011. Les candidats étudient pendant 18 mois, mais ceux qui obtiennent des diplômes dans la filière de gynécologie peuvent diriger des opérations de césariennes et d'autres tâches qui devraient être assurées par les gynécologues», rappelle-t-il en préconisant la réduction de la durée ( 13 ans) de la formation en poste de graduation des étudiants de médecine pour leur permettre d'entamer leur carrière professionnelle dans un délai relativement court. Il est à noter que le problème du manque de personnel spécialisé à l'EPH de Thénia se pose aussi avec acuité au service de l'imagerie médicale. Ce bloc qui a été doté récemment d'un scanner et d'un appareil d'échographie neuf qui tourne avec 3 médecins radiologues uniquement. L'Etat a dépensé des milliards pour l'acquisition de ce matériel, mais il n'a pas fait grand-chose ou formé suffisamment de personnel devant assurer son fonctionnement. D'où le nombre important de patients qui partent se soigner dans les cliniques privées. Le service connait un déficit d'au moins cinq radiologues et une dizaine de manipulateurs des simples appareils. «On effectue une moyenne 350 scanners par mois. La plupart sont assurés pour les malades hospitalisés et ceux nécessitant des soins d'urgence», précise M.Zeghdoudi, ajoutant que la mammographie y sera installée dans quelques jours. Un appareil qui se fait attendre depuis des années pour assurer le dépistage du cancer du sein au niveau de la wilaya.