La campagne internationale initiée par Amnesty International dans le but de convaincre de l'inutilité de la peine de mort commence à porter ses fruits. Pour l'année écoulée, Nassira Oussedik, directrice d'Amnesty Algérie, a expliqué, hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, que le combat pour l'abolition de cette peine avance. Elle a révélé que, durant l'année 2015, 4 nouveaux pays ont décidé d'abolir cette condamnation. Sauf que, a regretté la conférencière, la même année a enregistré une hausse dans les exécutions. "1 634 exécutions ont eu lieu dans 25 pays", a-t-elle dit, ajoutant que ce taux "reste le plus élevé depuis 1989". La Chine, l'Iran, l'Arabie saoudite, le Pakistan et les USA prennent toujours la tête du peloton des pays où la peine de mort est toujours en vigueur. À ces exécutions s'ajoute le chiffre de 20 292 personnes qui sont sous la sentence capitale en 2015. Concernant l'Algérie, Mme Oussedik a rappelé que la dernière condamnation a été prononcée en 1993 et que le moratoire décidé "reste insuffisant", d'où, a-t-elle plaidé, "l'abolition pure et simple de la peine de mort", car "le moratoire peut être facilement levé pour appliquer une exécution". Les militants d'Amnesty International font face à une résistance plus sociale que juridique. En effet, les instruments et les arguments avancés pour abolir la peine de mort n'arrivent toujours pas à convaincre grand monde. Et pour cause : les kidnappings d'enfants, les crimes abominables, les actes terroristes... reviennent souvent comme contre-arguments pour maintenir, sinon appliquer cette peine. Mme Oussedik reconnaît, par ailleurs, que l'atteinte à la vie ou à la dignité d'un enfant "est effroyable", mais rejette "la vengeance" qui ne peut être, selon elle, "un fait de justice". "La violence a toujours engendré de la violence", a-t-elle encore asséné, rappelant que cette sentence capitale "n'a pas mis fin aux différents crimes aux USA ou ailleurs et qu'elle est irréversible". "L'Algérie doit adapter une attitude responsable et devenir ainsi le premier pays de la région à abolir la peine de mort", a souligné le directrice d'Amnesty Algérie, dénonçant, au passage, la rétention d'information de la part du ministère de la Justice qui ne répond pas, a-t-elle dit, aux sollicitations d'Amnesty pour fournir les informations nécessaires sur les différentes condamnations. Toutefois, la conférencière s'est refusée d'émettre le moindre commentaire sur la justice algérienne, notamment dans le traitement des affaires de corruption. Mohamed Mouloudj