Les prix de la matière première étant bas sur le marché international, les dirigeants de ces entreprises estiment qu'il n'y a pas lieu de recourir au mécanisme de remboursement de l'Etat. Un rapport établi par le ministère du Commerce révèle que seuls trois opérateurs économiques ont bénéficié du soutien des prix du sucre et de l'huile, évalué à un total de 9,3 milliards de dinars sur la période 2011-2015. Selon un article publié sur le site TSA, les sociétés Cogral, Afia International et COGB "La Belle" ont capté l'essentiel des 9,3 milliards de dinars au titre de subventions de l'Etat. Décidées au lendemain des émeutes de janvier 2011, celles-ci (subventions) sont indirectes. Il s'agit, en fait, de l'exemption de TVA et de droits de douane pour l'importation des matières premières destinées à la fabrication de ces produits. "Mais le soutien des prix s'opère également par un mécanisme de décaissements directs", lit-on dans l'article. L'Etat plafonne le prix du sucre à 90 DA par kilogramme en vrac, ou 95 DA par kilogramme pré-emballé. Si le prix de revient des producteurs est supérieur, l'Etat interviendra pour rembourser la différence aux producteurs et assurer le maintien des tarifs pratiqués à ce niveau. Aucune dépense, toutefois, n'est à signaler pour le sucre. Le montant des 9,3 milliards de dinars concernent, de ce fait, essentiellement le soutien des prix de l'huile. Le gouvernement décide de maintenir les tarifs de vente des 5 litres d'huile à 600 DA. Tel que cela est appliqué pour le sucre, au cas où le prix de revient du produit fabriqué serait élevé, l'exécutif rembourserait les producteurs. Au moment où ces trois fabricants ont profitent pleinement de ces mesures étatiques avantageuses, d'autres opérateurs économiques, en revanche, à l'image du groupe Cévital, plus gros producteur national d'huile, n'ont pas jugé utile d'exploiter ce privilège "offert" par l'Etat. Les prix de la matière première étant bas sur le marché international, les dirigeants de ces entreprises estiment qu'il n'y a pas lieu de recourir au mécanisme de remboursement de l'Etat. En effet, la livre de sucre est passée, à la Bourse de New York, de 33 cents en février 2011 (son plus haut niveau depuis 1981), à 13 cents début 2015. Pour la graine de soja (matière première pour l'huile), le boisseau de 60 livres, coté à la Bourse de Chicago, a fortement baissé entre 2011 et 2015. Il passe de 13,67 dollars en 2011 à 8,62 dollars en 2015. Le prix du soja a connu des pics en juin 2013 à 15,3 dollars, ainsi qu'en mai 2014 à 14,37. Avec de tels niveaux de prix, l'on se demande comment les trois opérateurs ont pu percevoir les 9 milliards de dinars en guise de remboursement ? Auraient-ils procédé à des surfacturations dans leurs déclarations des coûts afin de répercuter cette pseudo-hausse sur le prix de revient de leur produit et justifier, par conséquent, l'indemnisation de l'Etat ? Ou s'agit-il d'une sorte de favoritisme dont jouissent ces trois opérateurs de la part des services du ministère de tutelle ? Autant de questions sur lesquelles doivent s'exprimer les différents démembrements relevant du département de Bakhti Belaïb. Car, il est inadmissible que ces entreprises tirent profit de ce soutien alors que les prix de la matière première ont connu une baisse et une stabilité sur le marché international. En termes plus clairs, ces producteurs étaient en mesure de fabriquer aisément leur produit et de le mettre sur le marché national avec les prix réglementés par l'Etat sans porter atteinte à leur situation financière. Mais ils ne l'ont pas fait. Pis encore, des sociétés activant sur le même créneau s'interdisent ce genre de pratiques frauduleuses parce que leur credo c'est, avant tout, de préserver les caisses de l'Etat et de défendre, par là même, ses intérêts. Pourtant, le ministère a introduit dans son organigramme des services, voire des directions chargées du suivi de la Bourse des matières premières, sur les marchés mondiaux...! Système de contrôle défaillant ou laxisme ? Sauf une enquête digne de ce nom que diligentera le ministre peut répondre à cette question et expliquera cette politique de deux poids, deux mesures... B. K.