Habituellement prompte à réagir quasi illico sur tous les événements, Louisa Hanoune a pris tout son temps, mais aussi des gants, pour, enfin, apporter, hier, sa première réaction sur le scandale planétaire Panama Papers, éclaboussant notamment le ministre algérien de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb. Soit, ce même ministre que la patronne du Parti des travailleurs (PT) avait accusé d'être l'un des meneurs de la cabale menée récemment contre son parti. S'exprimant, hier, en marge d'une réunion du bureau d'Alger du PT, Hanoune s'est montrée "très prudente" par rapport à ce scandale d'évasion fiscale, et se contente ainsi d'interpeller la justice algérienne à s'autosaisir et "se prononcer" sur les déclarations de M. Bouchouareb. Loin le temps où elle proférait des accusations tous azimuts contre ce ministre qu'elle a toujours qualifié de "serviteur de l'oligarchie prédatrice", Louisa Hanoune préfère prendre du recul pour comprendre ce que cacherait Panama Papers dont la série de révélations promises sur le paradis fiscal des Bahamas ne fait que commencer. Pour Hanoune, la liste des personnalités des mondes politique, économique, sportif ou autres, révélée, jusque-là, est "tellement sélective" qu'elle préfère attendre la suite pour juger du bien-fondé ou pas de ce scandale planétaire. La patronne du PT doute de cette affaire, d'autant plus qu'aucun nom américain et/ou israélien n'est à présent cité. "C'est trop sélectif pour ne pas croire que ces fuites provenant du cabinet panaméen Mossack-Fonseca ne seraient pas ordonnées par une partie occulte pour une contrepartie bien étudiée", a commenté la patronne du PT qui se demande, avec un brin d'ironie, si les Américains seraient à ce point-là "des anges" pour ne pas être cités dans cette affaire. "Chakib Khelil s'est réfugié en Algérie pour échapper à la justice italienne" L'autre cible du jour de Mme Hanoune, n'est autre que l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khalil, dont elle qualifie l'accueil, avec les honneurs, de "provocation". "Il a été reçu comme un héros, certains le présentent même comme El-Mahdi el mountadhar, (Messie), alors qu'il devait, logiquement, être, au minimum, convoqué et entendu par un juge", dénonce-t-elle, en qualifiant l'attitude des autorités de "mascarade" et de "cynisme". Elle regrette ainsi l'absence de la justice algérienne dans l'affaire de cet ex-ministre contre qui elle avait pourtant émis un mandat d'arrêt avant son annulation sous prétexte qu'il contenait des vices de forme. "Si ce mandat d'arrêt a été annulé pour des erreurs de forme, le fond est toujours présent", juge Hanoune, qui mise, néanmoins, sur "des preuves" qui "viendront de la justice italienne, l'impliquant dans l'affaire Saipem". Contrairement aux parties qui revendiquent sa réhabilitation, Hanoune estime que "Chakib khelil est entré en Algérie en réfugié pour tenter d'échapper à la justice italienne". Algérie-France : loin du partenariat gagnant/gagnant Actualité oblige, la patronne du PT n'a, par ailleurs, pas manqué d'aborder la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, intervenant dans un contexte marqué par la tension entre Paris et Alger, provoquée par la publication du portrait de Bouteflika en Une du journal Le Monde. Qu'à cela ne tienne, Hanoune va plus loin en parlant d'une "relation entre colonisateur et colonisé !". Pour elle, les relations entre l'Algérie et la France sont loin de répondre à un partenariat entre deux pays souverains, encore moins, à la sainte règle de "gagnant-gagnant". Farid Abdeladim