La communauté internationale, pas plus que les Libyens eux-mêmes, est consciente qu'une sortie de crise en Libye passe d'abord par un dialogue interlibyen sans exclusive. Une cinquantaine de pays se sont rencontrés hier à Tunis pour discuter de l'aide à apporter à la Libye afin de mettre fin à une crise politique qui dure depuis cinq ans. Les discussions ont porté sur la manière de venir en aide à ce pays et au peuple libyen, dans un contexte local et régional marqué par une forte instabilité politique et sécuritaire, difficile à surmonter par la simple caution politique au processus de dialogue interlibyen, sous l'égide de l'Onu. "Nous sommes conscients du fait que le soutien populaire libyen au gouvernement d'union (...) peut ne pas durer si nous ne réussissons pas, et vite, à répondre aux besoins urgents", a dit en ouverture le vice-Premier ministre du gouvernement d'union, Moussa al-Kony, repris par les agences de presse. Le chef de la diplomatie tunisienne Khemaies Jhinaoui est du même avis. "Notre soutien à la Libye doit respecter à l'avenir les besoins urgents du peuple libyen et les priorités du gouvernement d'union nationale", a expliqué le ministre tunisien des Affaires étrangères, dans son discours d'ouverture de cette conférence internationale, sous la présidence de la Grande-Bretagne. Mais M. Jhinaoui a indiqué que ce soutien doit se faire sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), a rapporté le quotidien Al-Wasat sur dans sa version en ligne. Le chef de la diplomatie tunisienne a reconnu, toutefois, que l'aide apportée à la Libye est sujette à beaucoup d'insuffisances, en raison, justement, de l'absence d'une feuille de route claire des gouvernements qui se sont succédé à la tête de ce pays, depuis la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011. "Nous sommes ici pour discuter des aspects pratiques, pour parler du soutien, et pas simplement du soutien politique et diplomatique, mais de l'aide concrète", a répondu le haut diplomate britannique, Christian Turner. Avec l'entrée en fonction du gouvernement d'union, sous la conduite du président du Conseil présidentiel Fayez al-Sarraj, les membres de la communauté internationale sont appelés aujourd'hui à apporter une aide concrète, en plus du soutien politique attendu par des Libyens, las de la guerre fratricide et terrorisés par l'expansion de l'organisation autoproclamée Etat islamique. Et cette aide doit, entre autres, passer par davantage de pression sur certains acteurs de la crise, accusés d'entrave à l'installation du gouvernement d'union dans la capitale libyenne, que ce soit au sein du gouvernement non reconnu de Tripoli, sous contrôle de Fajr Libya, ou au sein des autorités reconnues de Tobrouk, dont le Parlement doit voter sa confiance à l'Exécutif de Fayez al-Sarraj, lundi prochain. Lyès Menacer