Le gouvernement d'union nationale libyen, appuyé par la communauté des nations, consolide de plus en plus son autorité, notamment après la décision des autorités basées à Tripoli de lui céder le pouvoir. Un obstacle important vient ainsi d'être levé vers une sortie de crise dans ce pays. Dirigé par Fayez al-Sarraj, le Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale, a réussi depuis son arrivée il y a une semaine à Tripoli, à rallier de multiples soutiens à l'intérieur de la Libye ainsi qu'à l'extérieur et souhaite mettre fin au chaos qui règne dans ce pays notamment depuis que deux autorités rivales avaient commencé à se disputer le pouvoir en 2014. A la suite de fortes pressions internationales notamment de l'ONU, les autorités de Tripoli non reconnues ont cédé le pouvoir mardi soir au gouvernement d'union nationale: «Nous vous informons que nous cessons d'exercer nos fonctions exécutives, présidentielles et ministérielles», a annoncé le gouvernement de Khalifa Ghweil, dans un communiqué publié sur le site de son ministère de la Justice. Le gouvernement illégitime a justifié sa décision par «les développements politiques à Tripoli», et par la volonté de «mettre fin à l'effusion de sang et éviter la partition» du pays. Il a, en outre, souligné qu'il n'était «désormais plus responsable (...) de ce qui pourrait arriver dans l'avenir». Le gouvernement Ghweil était soutenu par la coalition de milices Fajr Libya, qui avait pris le contrôle de Tripoli en août 2014, poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s'installer dans l'est à Tobrouk. Profitant de ces divisions, le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI, Daech) s'est implanté dans le pays où il contrôle aujourd'hui la ville de Syrte, à l'est de Tripoli. Peu après la décision des autorités non reconnues de Tripoli, le gouvernement de Fayez al-Sarraj, issu d'un accord politique interlibyen signé en décembre 2015 sous l'égide de l'ONU, a ordonné à toutes les institutions d'utiliser son logo. Il a ainsi ordonné hier à la Banque centrale de «geler» tous les comptes appartenant à des ministères et des institutions publiques que ce soit celles de l'Est du pays ou de Tripoli. Ces derniers devront obtenir le feu vert du gouvernement d'union pour leurs dépenses. Cependant, la Libye dispose maintenant de deux «gouvernements» au lieu de trois auparavant: celui d'union nationale siégeant à Tripoli et l'autorité basée dans l'Est du pays que la communauté internationale presse aussi de céder le pouvoir à l'exécutif d'union. Pour être officiellement investi, le gouvernement d'union doit obtenir la confiance du Parlement de Tobrouk. Dans ce contexte, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a exhorté récemment le Parlement de Tobrouk de voter immédiatement la confiance au gouvernement d'union. M.Kobler a, par ailleurs, discuté mardi à Tripoli avec Fayez al-Sarraj, des «moyens d'appuyer l'action» du gouvernement d'union et du Conseil présidentiel, un organe composé de membres des différentes factions libyennes qui a piloté la formation de l'exécutif, d'après un conseiller de l'émissaire onusien. A la faveur de l'installation dans la capitale libyenne du gouvernement d'union nationale, la Tunisie, pays voisin, a annoncé sa décision de rouvrir son ambassade à Tripoli, fermée en 2014 quand les milices de Fajr Libya avaient pris le contrôle de celle-ci. Les pays européens avaient fait de même face à l'anarchie. «A la suite de l'installation du gouvernement d'unité nationale à Tripoli, et dans le cadre du souci de soutenir le processus politique en Libye (...), la Tunisie annonce la réouverture de ses délégations diplomatique et consulaire», avait indiqué lundi dans un communiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères. Cette décision vise à soutenir les Libyens dans «leur effort pour retrouver la sécurité et la stabilité», et répond au «souci permanent de servir les intérêts des Tunisiens résidant en Libye», avait-il souligné.