À moins de deux semaines de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU devant statuer sur la prolongation du mandat de la Minurso, 228 députés espagnols sur 350 ont appelé, jeudi, leur gouvernement à défendre devant les Nations unies le respect des droits de l'Homme et du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le gouvernement de l'Espagne, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et ancienne puissance occupante du Sahara occidental, se retrouve devant un véritable dilemme à quelques jours du déroulement de la réunion de l'organe exécutif de l'instance onusienne, au cours de laquelle la question de la prolongation du mandat de la Minurso devra être tranchée. En effet, le sort de la Minurso, mandatée en 1991 pour organiser un référendum sur l'autodétermination du territoire, option que le Maroc rejette catégoriquement, doit être réexaminé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la première fois, une majorité de députés espagnols, soit 228 sur les 350 que compte le Cortès, a signé jeudi une déclaration appelant le gouvernement de Mariano Rajoy à défendre devant les Nations unies le respect des droits de l'Homme et du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Cette initiative a été lancée à la suite de l'expulsion par le Maroc de la quasi-totalité des experts expatriés de la Mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso). Dans cette déclaration, les parlementaires espagnols, qui représentent douze partis politiques siégeant au Cortès, incitent l'Espagne à défendre l'option d'"un référendum d'autodétermination libre et démocratique pour le peuple sahraoui" et à demander pour la Minurso "un mandat pour la supervision des droits de l'Homme", ainsi que "la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis". Sol Sanchez, le porte-parole du parti écolo-communiste Izquierda Unida, qui est l'initiateur de cette déclaration, a formulé l'espoir de voir le gouvernement de Madrid "exercer une pression, puisque nous sommes membres du Conseil de sécurité, lors de cette réunion", pour "le rétablissement du droit international et de la Minurso". De son côté, Enric Bataller, député de la coalition de gauche régionaliste Compromis et signataire du texte, a estimé qu'"au fur et à mesure que ce moment approche, le gouvernement marocain augmente la pression", tout en faisant part de son inquiétude de voir "cette pression amener à une escalade". "Les grandes puissances ne manifestent aucun intérêt pour le problème sahraoui", a déploré Odon Elorza, député socialiste également signataire de la déclaration, qui a attribué cela à leur volonté de ne pas froisser Rabat. "Pour la France, les Etats-Unis, l'Espagne... le Maroc a eu un rôle important de gendarme sur les questions d'immigration", a-t-il affirmé. À signaler, enfin, que le chef du Front Polisario a averti, jeudi, l'ONU d'un risque de reprise des hostilités avec le Maroc si la mission des Nations unies dans ce territoire (Minurso) ne pouvait pas assumer pleinement son mandat. Si le Conseil de sécurité n'exerce pas "une pression réelle et directe" sur le Maroc en permettant à la Minurso de "reprendre son travail et son mandat pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination", affirme Mohammed Abdelaziz, ce sera "un feu vert à une agression militaire" du Maroc contre les Sahraouis. Merzak Tigrine