Les territoires sous occupation sont le théâtre de la répression malgré la présence de la Minurso. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira prochainement pour débattre de la question du Sahara occidental et surtout pour décider du sort de l'ancienne colonie espagnole. Seulement, et comme le soulignent des observateurs, cette rencontre “est pleine d'enjeux”, en se référant aux dernières manœuvres de l'occupant marocain et de son “alliée stratégique”, la France, qui a pris hier la présidence du Conseil de sécurité pour une durée d'un mois. En juillet 2002, ce conseil a réitéré sa position en faveur de l'application du plan de paix, qui prévoit l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Cette décision n'a pas été du goût de Rabat qui entend imposer la “marocanité” d'un territoire, pourtant non autonome et inscrit depuis 1963, à l'ordre du jour de l'ONU, comme dossier de décolonisation. Après avoir joué la carte des pressions, notamment en direction de l'Espagne, le Maroc est revenu à de “meilleurs sentiments”, autorisant 64 bateaux espagnols (de Galice) à pêcher au large des côtes atlantiques, à partir du 15 janvier 2003. Même si les autorités de Rabat soutiennent que cette décision “n'a aucun rapport avec un calcul politique ou tactique”, la presse espagnole reste prudente et considère qu'il est prématuré d'interpréter le geste marocain comme “un clairon qui ouvre automatiquement la porte à la réconciliation” entre les deux gouvernements. Selon un quotidien madrilène, il est “encore loin d'être clair que ce nouveau et énième changement de direction diplomatique de la part du Maroc — à la veille de la réouverture du dossier du Sahara occidental à l'ONU — ne sait pas une nouvelle manœuvre tactique : à usage interne ou visant à forcer la position espagnole au sein de l'ONU”. Ces précisions sont apportées à la veille de l'intégration de l'Espagne au Conseil de sécurité, en qualité de membre non permanent et ce, pour une durée de deux années. Elles se veulent, apparemment, des mises en garde en direction des autorités de Madrid, toujours en litige avec le palais chérifien, sur plusieurs dossiers : immigration, statut des enclaves centre et Mellila et celui de l'îlot Leïla/Perejil, prospection pétrolière au large de l'archipel des Canaris et la question du Sahara occidental. À quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité, le gouvernement espagnol a réaffirmé sa position vis-à-vis de son ancienne colonie, affirmant par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, que celui-ci “n'a pas changé et ne changera pas”. “La solution doit être analysée par l'ONU et doit respecter tous les intérêts et particulièrement des Sahraouis”, a indiqué Mme Anna Palacio. Un autre pays paie le prix de son soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et au respect du droit international. Il s'agit de l'Algérie, dont les problèmes internes (terrorisme islamiste et crise en Kabylie notamment) sont exploités par des milieux français, y compris par des harkis, dans le but est de déstabiliser l'Etat algérien, sinon de le pousser à fléchir sa position par rapport à la question sahraouie. Dans les territoires du Sahara occidental, sous occupation marocaine depuis 1975, l'embargo médiatique est toujours maintenu par Rabat. Pourtant, les arrestations, les enlèvements, les tortures et les emprisonnements ont lieu en direction des Sahraouis qui rejettent la (re) colonisation de leur territoire, la politique marocaine de peuplement et celle de l'assimilation. Quant aux populations sahraouies vivant dans les campements de réfugiés, elles vivent au gré de la solidarité et de l'aide internationales. Dans une déclaration récente, le mouvement de libération de la Seguia El-Hamra et du Rio de Oro (Sahara occidental) demande à l'ONU de fixer une date pour le référendum, prévu pour l'année 1975 par l'Espagne, puis programmé pour janvier 1992, dans le cadre du plan de paix pour le règlement du conflit maroco-saharaoui. Le Front Polisario a aussi souligné qu'il privilégie toujours “la voie pacifique”, en exprimant néanmoins la détermination du peuple sahraoui à “défendre par tous les moyens légitimes ses droits nationaux”. Il s'est, en outre, opposé à l'instrumentalisation de la Minurso (Mission de l'ONU pour un référendum au Sahara occidental) rappelant que celle-ci, “comme son nom l'indique, demeure la supervision et l'organisation d'un référendum libre et démocratique du peuple sahraoui”. Rappelons que malgré les blocages des Marocains, dénoncés d'ailleurs par des membres de la Minurso et même dans un rapport du secrétaire général des Nations unies, la mission de l'ONU est parvenue à établir la liste des personnes pouvant prendre part au référendum. Autrement dit, aucun prétexte ne peut justifier aujourd'hui le report de ce scrutin, où les Sahraouis auront à choisir librement l'indépendance ou l'intégration au Maroc. H. A.