L'ex-président du RCD a animé, jeudi à Tizi Ouzou, une conférence conjointement avec Mouloud Lounaouci, Arab Aknine et Saïd Doumane sur le thème "Le 20 Avril, luttes d'hier, leçons d'aujourd'hui". Si le système politique algérien a pu se maintenir et asseoir son contrôle sur la société depuis l'indépendance grâce à l'argent du pétrole et la corruption, aujourd'hui, qu'il n'a plus d'argent, il est condamné à mourir de ses propres contradictions. L'ex-président du RCD, Saïd Sadi, en est convaincu et il n'a pas hésité à l'affirmer, jeudi à Tizi Ouzou, où il a animé une conférence conjointement avec Mouloud Lounaouci, Arab Aknine et Saïd Doumane, sur le thème "Le 20 Avril, luttes d'hier, leçons d'aujourd'hui". "Le système va mourir de ses contradictions car il ne peut plus payer sa pérennité par la corruption. On est même dans une phase très critique, très chaude, très tendue, et si ça explose, et c'est parti pour cela vu les divisions et le manque d'argent, il ne faut pas qu'on soit surpris", a prévenu le Dr Sadi. "Cette situation nous interpelle tous", car, a-t-il jugé, "nous sommes dans une phase intermédiaire où nous pouvons débattre, nous structurer et nous mobiliser autour de valeurs telles que la solidarité ancestrale et le refus de la corruption, et aussi explorer des espaces en dehors des institutions car le destin du peuple algérien se joue dans la proximité". C'est à ce titre que Saïd Sadi invite à revisiter et méditer le combat d'Avril 80, et tirer les leçons qui s'imposent de ce mouvement qui fut un vrai vecteur de rupture dans la vie algérienne. Pour Saïd Sadi, la tâche est possible mais sera, prévient-il, de longue haleine et semée d'embûches. Difficile, car l'Etat, a-t-il souligné, "n'a jamais été construit pour développer la société, mais un Etat pervers construit pour contrôler la société", et encore plus difficile, a-t-il ajouté, en raison du "désastre causé par le système éducatif et l'arabisation" que l'on ne peut pas, de son point de vue, réparer à court terme. "L'arabisation a été l'élément par lequel on a décidé de sortir l'Algérien de la modernité historique. D'ailleurs, je défie n'importe quel responsable de me dire que ses enfants sont totalement arabisés. Cela fait partie du désastre de l'éducation et de la programmation de la formation qui est destinée à organiser l'asservissement populaire pour la reproduction du système", a-t-il expliqué. Pour l'ancien détenu d'Avril 80, le premier handicap à la transmission des valeurs et des méthodes pouvant produire un contrat alternatif est celui de la langue d'accès à l'information crédible. "Pour des raisons que nous connaissons tous, les études critiques et fiables, l'essentiel des grandes propositions novatrices, innovantes et libératrices, sont produites en français, car le stock documentaire disponible en arabe est dérisoire. L'arabisation a, ainsi, créé une véritable prison intellectuelle qui coupe au jeune l'accès à la lecture critique", a-t-il considéré, en appelant à œuvrer à "libérer et contourner cette contrainte pour permettre à notre jeunesse d'accéder à l'information pour, ainsi, échapper à l'emprisonnement à perpétuité des esprits". Si le conférencier a alors insisté à s'inspirer d'Avril 80, à réhabiliter la valeur de la solidarité, à mieux exploiter toutes les fenêtres d'aération mentale et chercher à trouver des lieux de transmission d'idées et de construction de projets en adéquation avec les attentes populaires indépendants, c'est parce que, a-t-il expliqué, ce sont ces valeurs, ces énergies, cette pédagogie de la militance qu'il faut repérer et redécouvrir pour mieux baliser les chemins de l'avenir. "Le régime est chancelant. Il est donc capital et urgent de comprendre un enchaînement stratégique de portée historique : le combat d'Avril 80 est le seul viatique qui assure la sauvegarde de la Kabylie, cette sauvegarde conditionne l'avenir de la démocratie en Algérie, la démocratie algérienne est le postulat de l'émancipation nord-africaine dont l'amazighité représente le ferment libérateur", a prédit Sadi avant de conclure en répondant à des questions d'actualité, notamment le retour de Chakib Khelil et la photo qui a relancé la polémique sur la santé de Bouteflika. "Je crois qu'on prend le problème à l'envers : la maladie du chef de l'Etat n'est pas une maladie, mais le symptôme d'une maladie", dira-t-il. Concernant les scandales financiers, Sadi dira que "le problème est que le système tolère et fonctionne ainsi, et personne ne veut en parler. On veut plutôt nous faire croire que si ce clan est débarrassé et que l'autre revenait, ça serait parfait. Et nous ne sommes pas obligés d'entrer dans cette logique. Les clans ce n'est pas la solution, mais plutôt le problème", a-t-il conclu. Samir LESLOUS