Totalement exclu, il y a quelques années, le recours aux financements extérieurs pour financer des projets d'investissement apparaît aujourd'hui comme inévitable. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a déclaré samedi à Washington, en marge de la réunion du FMI, que "les groupes Sonatrach et Sonelgaz étudient la possibilité de mobiliser des financements préférentiels à l'international". Ces deux groupes énergétiques ainsi que le groupe public national des services portuaires chargé de la réalisation du nouveau port-centre examinent la possibilité d'utiliser éventuellement ce mode de financement. Il s'agit, selon M. Benkhalfa, cité par l'APS, d'un financement spécial ciblant des projets menés avec des partenaires étrangers et qui sont en mesure de générer leurs propres liquidités une fois mis en exploitation. L'entreprise mixte qui sera créée à cet effet prendra en charge le remboursement de ce financement qui n'est pas comptabilisé dans l'endettement global du pays. "Nous sommes loin de l'endettement classique mais plutôt sur des financements préférentiels, ciblés et adossés à des grands projets rentables", a-t-il résumé. Mais cette option ne semble pas faire l'unanimité au sein du gouvernement. Le 27 mars dernier, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, avait affirmé à Batna que "Sonatrach n'a pas recouru jusqu'à présent à l'endettement et possède de grandes capacités de financement de projets, et qu'en cas de besoin, la société recourra à l'endettement intérieur". Mais pour le ministre des Finances, "c'est la voie salutaire pour l'Algérie qui opte pour un nouveau mode de croissance", en s'appuyant sur trois axes importants que sont l'efficience budgétaire, la mobilisation des ressources locales via un recours au marché financier et l'élargissement de l'assiette fiscale qui sera mené sans augmenter les taux d'imposition. Dans ce cadre, M. Benkhalfa a évoqué avec le vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), Luca Lazzaroli, les multiples instruments de financement de l'investissement tels que le partenariat public-privé, les prises de participation et le capital investissement. Dans un entretien au site d'informations "econostrum", Román Escolano, vice-président de la Banque européenne d'investissement et en charge des activités de la banque au Maghreb, avait évoqué "la reprise possible de financements de la BEI en Algérie". Le ministre des Finances a également rencontré le directeur général de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale), Philippe le Houérou, avec lequel il a évoqué la possibilité d'assister l'Algérie dans le domaine des services financiers. Le grand argentier du pays a indiqué que "l'Algérie est loin de la détresse économique dans laquelle se trouvent beaucoup de pays impactés par la crise". Pour autant, il a estimé que "c'est toute l'économie réelle, y compris le secteur des hydrocarbures, qui doit se mobiliser pour soutenir la croissance". Le grand argentier a reconnu que "cette période mettait sous pression le niveau de liquidités dans les banques", après une décennie de surliquidités engendrées par les revenus pétroliers importants. "Les ressources existent mais il faut les mobiliser", a indiqué le ministre qui a souligné, à ce titre, l'énorme travail qui doit se faire au niveau de la bancarisation de l'économie en Algérie où l'argent empruntant le circuit informel avoisine les 1 300 milliards de dinars, selon les estimations de la Banque d'Algérie. Parallèlement à la mobilisation des ressources, le gouvernement travaille sur un axe de réformes structurelles dans les secteurs de l'industrie, des services et du BTPH afin de rendre les investissements rentables. M. R.