Deux semaines après la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, à Alger, le Conseil de la nation condamne l'"exploitation d'une image du président Abdelaziz Bouteflika". La chambre haute du Parlement a réagi dans un communiqué rendu public ce jeudi aux images twittées de l'audience accordée par le président Abdelaziz Bouteflika au Premier ministre français, Manuel Valls. "La campagne orchestrée contre l'Algérie s'est, une fois encore, confirmée à travers le comportement répréhensible du Premier ministre français Manuel Valls, après l'honneur qui lui a été fait d'être reçu par le président de la République, un dérapage grave dénotant une intention malveillante et procédant d'un penchant irréfléchi qui transgresse les règles d'éthique, les us diplomatiques et les limites de la décence politique", condamne le Conseil de la nation. Même si elle établit l'implication d'une institution officielle dans la polémique, il y a tout de même lieu de noter que la réaction du Conseil de la nation est quelque peu tardive, puisque l'épisode remonte à deux semaines et beaucoup d'encre a coulé depuis. Mais le Conseil de la nation tient tout de même à relever que "les attaques consécutives émanant de différents milieux français reflètent un acharnement systématique allant en sens contraire des avancées réalisées ces dernières années pour l'édification d'une relation algéro-française privilégiée aux perspectives stratégiques basées sur les intérêts partagés, la confiance et le respect mutuels". La chambre haute du Parlement cite d'ailleurs l'illustration par la photo d'Abdelaziz Bouteflika d'un article sur l'implication de l'entourage du président dans le scandale planétaire d'évasion fiscale Panama Papers, paru dans le quotidien Le Monde, comme pour appuyer le caractère acharné d'une campagne qui viserait les institutions de la République. Ce que le communiqué en question qualifie d'ailleurs d'"outrages inacceptables", et d'"entreprise aussi tendancieuse que fallacieuse". Le Conseil de la nation qui inscrit le tweet de Manuel Valls dans le registre d'un "dérapage flagrant", estime que ce comportement survient "dans le contexte d'une campagne visant l'Algérie et le peuple algérien à travers ses symboles". C'est ainsi que les rédacteurs du communiqué estiment que "ces attaques successives viennent en relais à des voix, connues pour leur animosité envers notre pays, qui s'élèvent au sein du Parlement français pour réclamer, sans vergogne, l'indemnisation des pieds-noirs et qui veulent faire passer une loi qui réhabiliterait les harkis..." Cependant, le Sénat se félicite de l'"élan patriotique (qui) reflète l'attachement du peuple algérien au président de la République et sa reconnaissance pour les réalisations accomplies...". Il évoque, également, "le devoir national (qui) dicte à toutes les Algériennes et à tous les Algériens de rester vigilants et de faire échec à tous les complots visant à déstabiliser l'Algérie pour affaiblir ses positions". Enfin, il est à signaler que la réaction du Conseil de la nation ne peut être considérée comme une réaction "officielle" engageant le gouvernement algérien, puisque le Sénat reste une institution élue. Le gouvernement algérien comme la présidence de la République n'ont pas encore soufflé mot sur les images qui ont suivi l'audience accordée par Abdelaziz Bouteflika à Manuel Valls, et le traitement qui leur a été réservé par les médias français. Mehdi Mehenni