Les recommandations seront soumises à la rencontre de l'Organisation arabe du travail, dont les travaux s'ouvrent aujourd'hui à Alger. Pour ne pas faillir à la tradition, quatorze organisations syndicales affiliées à la Confédération internationale des syndicats arabes (CISA) se sont rencontrées hier à l'hôtel Riadh (Sidi-Fredj) pour débattre de plusieurs questions liées aux préoccupations des travailleurs dont notamment l'économie et le chômage. Les recommandations, qui découleront de cette rencontre, seront soumises lors de la rencontre de l'OAT, dont les travaux s'ouvrent, aujourd'hui à Alger. Cette réunion a pour objectif, par ailleurs, de tracer le programme des activités, pour l'année 2005, de cette instance syndicale avec à sa tête l'Algérien Hassan Djemam en guise de secrétaire général. “Il y a plus de dix ans, le monde arabe comptait 12 millions de chômeurs. La crise du Golfe n'a fait qu'accentuer le phénomène qui aujourd'hui s'élève à 25 millions parmi les 60 millions de travailleurs dans l'ensemble des pays arabes”, a déclaré Hassan Djemam qui n'a pas manqué de fustiger une privatisation menée, selon lui, de manière sauvage. Il a aussi exprimé une certaine inquiétude face à une mondialisation opérée au détriment de la justice sociale. “Nous devons plus que jamais unifier nos rangs pour faire face à de nouveaux défis qui nous attendent et qui annoncent une lutte difficile”, dira-t-il faisant allusion au recul de l'existence syndicale dans l'émergence d'un secteur privé peu favorable à la question. Un argument parmi d'autres, qui explique l'hostilité de la CISA envers une ouverture syndicale traduite par le pluralisme. “Nous luttons depuis fort longtemps pour nous imposer en tant que défenseurs des droits des travailleurs. Un combat qui n'est pas tout à fait acquis pour certains au moment où il est quasi inexistant pour d'autres”, a expliqué le SG de la CISA prévenant que le combat s'annonce de longue haleine avant de parvenir à l'émergence d'une vie syndicale forte dans le monde arabe. Il note une avancée appréciable au niveau de certains pays arabes comme le Koweït ou encore l'Arabie Saoudite qui innovent dans le domaine avec la constitution de commissions de travail. L'effort est aussi constaté aux Emirats qui pour la première fois ont créé une union des travailleurs et au Qatar qui consacre dans sa Constitution le droit syndical. Le chemin reste, cependant, semé d'embûches à cause de l'absence de syndicat dans le secteur public comme c'est le cas au Maroc. “L'avenir du syndicalisme dans le monde arabe ne s'annonce pas de tout repos. Les gouvernements veulent isoler les syndicats et les utiliser à leur profit. Raison pour laquelle il faut coûte que coûte approfondir l'autonomie des syndicats sans quoi il n'est pas possible d'aller de l'avant”, a assuré M. Djemam pour qui il ne saurait y avoir de droit syndical sans liberté fondamentale et l'instauration d'une démocratie. N. S.