Le 11e congrès de l'UGTA s'est ouvert hier à l'hôtel El Aurassi, à Alger, en présence de 1100 congressistes. La salle des conférences était archicomble. L'équipe gouvernementale, à sa tête le chef du gouvernement, le président de la chambre basse du parlement, les secrétaires généraux de certains partis politiques figuraient parmi les hôtes du secrétaire général sortant de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. La secrétaire générale adjointe de la Confédération syndicale internationale (CSI), les représentants de la Confédération européenne syndicale (CES), de la Confédération internationale des syndicats arabes (CISA), de la Fédération du syndicat mondial (FSM) et le secrétaire général des syndicats maghrébins ont fait le déplacement à Alger pour assister à cet événement. Seuls les syndicats autonomes algériens n'ont pas été invité à ce 11e congrès. Clamant haut et fort qu'il respecte les syndicats autonomes, M. Sidi Saïd n'a pas jugé utile de les inviter ne serait-ce qu'à « titre amical » à l'instar des syndicats étrangers. « Je ne développe aucune animosité à l'endroit de ces syndicats, mais que voulez-vous de plus ? », a cependant tenu à dire M. Sidi Saïd. S'adressant dans un verbe simple aux congressistes, le patron sortant a d'abord qualifié l'UGTA d'un arbre ayant des racines et qui donne des fruits. Tout au long de son discours, il a insisté sur la nécessité de consacrer la vision qui consiste à convaincre les partenaires du bien-fondé du dialogue. Tirant à boulets rouges sur les syndicats autonomes, M. Sidi Saïd estime qu'il est préférable d'aller dans une voie permettant de satisfaire les revendications des travailleurs que d'utiliser la violence et l'agressivité. « Nous n'avons pas de leçons à recevoir des nouveau-nés. L'UGTA est à l'origine de la pluralité et de la liberté syndicales. Il y a un véritable socle qui vient d'être lancé, malgré les critiques proférées à notre endroit. l'UGTA active dans un espace où la critique est utile », répond M. Sidi Saïd à ceux qui l'accusent d'avoir rompu avec la protestation. L'UGTA, pour lui, « est une organisation forte et sereine qui prône le dialogue en participant à l'épanouissement du salarié avec des moyens nobles ». « Le mouvement syndical dans le monde a changé de stratégie. Pourquoi pas nous ? », fait observer M. Sidi Saïd. Tout en mettant l'accent sur la discipline qui a marqué le déroulement de ce congrès, M. Sidi Saïd a relevé à ce propos que c'est pour la première fois que la centrale syndicale enregistre la participation de représentants d'entreprises du secteur privé aux travaux de ce congrès. Il a indiqué, à ce sujet, que sur les 55 invitations adressées aux entreprises d'envergure de ce secteur, 50 ont marqué leur présence. Cette présence est considérée par l'UGTA comme une disponibilité de ces responsables à dialoguer. Et c'est pour M. Sidi Saïd « un bon signe pour la démarche privilégiant le travail commun et consensuel ». Citant les perspectives de voir l'UGTA réussir l'un de ses « meilleurs » congrès, il a mis en exergue l'adoption à l'unanimité de la composante du bureau du congrès, contrairement, a-t-il dit, aux pratiques constatées par le passé. Il a soutenu, à cet effet, que les congressistes affichent ainsi leur volonté d'aller vers une dynamique collective et responsable, dans l'esprit de la discipline. Toutefois, dans les coulisses, de nombreux congressistes, sous couvert de l'anonymat, ont fortement critiqué le fonctionnement actuel de l'UGTA. « Je n'ai pas peur de parler, mais tous les syndicalistes qui se sont opposés à la politique de la direction ont été marginalisés et parfois éjectés de l'organisation », a soutenu un congressiste de Béjaïa. Ce dernier est persuadé que « l'UGTA sera une organisation représentative lorsqu'elle se débarrassera des carriéristes, des retraitables, ainsi que des personnes qui cumulent des fonctions ». Ce congrès générera un syndicat plus répressif, dit-on. L'on ajoute aussi que « la base a été écartée ». « Auparavant, la centrale était ouverte ; aujourd'hui, le jeu est carrément fermé et la majorité ou plutôt la totalité sont désignés », regrette un participant. « L'UGTA est aujourd'hui un appareil et les travailleurs doivent s'organiser afin d'élire démocratiquement une direction légitime », a-t-il déclaré encore en rappelant à ceux qui font semblant d'oublier que c'est la base qui fait l'UGTA et non le contraire.