En pleine tournée promotionnelle de "l'emprunt obligataire", le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a notamment évoqué à Oran, des séquestres sur des comptes d'Algériens à l'étranger. "Il faut que l'argent rentre, les Algériens doivent avoir confiance entre eux, je le dis clairement et franchement... J'ai déjà des informations en tant que ministre des Finances sur des séquestres sur des comptes à l'extérieur." Il dira également qu'"il n'y a pas de blanchiment d'argent et de riba" au sujet de l'emprunt obligataire. Mais en évoquant ces séquestres, avérées ou non, le ministre ne pouvait éviter que tout un chacun fasse un lien avec les noms des Algériens cités dans le scandale des Panama Papers, notamment son collègue de l'Industrie, Bouchouareb, ou, encore, l'épouse de Chakib Khelil. Lors du point de presse, et à des questions de Liberté sur ces séquestres, le ministre se voudra rassurant. "Je disais que les Algériens, tous les nationaux, ne sont à l'aise dans leurs ressources que lorsqu'ils sont dans leur pays. Là, ils sont les mieux sécurisés parce qu'ailleurs les lois peuvent changer, les règles de visa et de résidence aussi." Reste encore à savoir après ces déclarations, si les détenteurs de comptes offshore au Panama suivront le souhait du ministre des Finances alors que pour l'instant ils sont dans le silence et la négation. Quant au cas précis de la BEA, figurant aussi sur la liste des Panama Papers, Benkhalfa refusera de répondre sur ce scandale de plus. Durant sa visite, le ministre des Finances martèlera à l'attention des directeurs de banque et des cadres d'institutions rattachées à son département, qu'il est important de tout faire pour se rapprocher des clients et les convaincre d'aller vers la bancarisation et d'avoir confiance en l'emprunt obligataire. Le ministre expliquera que la conjoncture, avec 60% de pertes de fiscalités pétrolière, imposait à l'Etat de trouver d'autres sources de financement de l'économie algérienne autre que le Trésor public. Ce sont 2 500 milliards dinars de manque à gagner de fiscalité pétrolière à trouver pour, dira le ministre, "arriver à un taux de croissance impératif de 7%". Dans cette optique de recherche de ressources, coûte que coûte, le ministre des Finances proposera encore que les nationaux résidant à l'étranger puissent ouvrir des comptes devises dans leur pays en Algérie, tout comme il demandera avec insistance d'augmenter l'assiette fiscale et d'assurer le recouvrement de l'IBS qu'il juge trop faible à Oran. À Tlemcen, le ministre a développé les grandes lignes de la nouvelle stratégie mise en œuvre par le gouvernement tendant à privilégier l'investissement national avec son nouveau mode de financement, et ceci au détriment de la rente pétrolière dont il dira "qu'elle fait maintenant partie du passé". Benkhalfa a déclaré aussi que les années 2016 et 2017 vont être un passage difficile pour le pays, mais qu'en 2018 le rendement de l'appareil productif avec la mobilisation de tous les moyens et une synergie interrelationnelle, permettront d'assurer une croissance raisonnable et libératrice. D. Loukil/B. Abderahmane