Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a relativisé la question du recours à l'endettement en l'inscrivant dans les trois moyens qui sont mis en œuvre pour poursuivre la même politique de développement : optimiser la fiscalité, les ressources financières disponibles dans le pays et le recours à l'endettement, «qu'il soit interne ou externe». Le pays n'est pas «dans le rouge», a-t-il fait observer puisque l'Algérie ne possède pas de dette vis-à-vis des marchés financiers étrangers et que, par ailleurs, elle dispose d'une épargne nationale conséquente sur laquelle, assure-t-il, elle peut compter pour maintenir son rythme de croissance. Sur la fiscalité, il compte sur le civisme des citoyens et il est optimiste ; pour 2016, il prévoit un montant pour la seule fiscalité ordinaire de 3 200 milliards de dinars soit le double du produit tiré de la fiscalité pétrolière (1 600 milliards de dinars). Pour ce qui concerne l'endettement, il a avancé qu'il n'y avait aucun tabou à évoquer la possibilité de contracter des dettes, observant qu'il n'existe aucune grande économie sans dettes. Il a ajouté ne pas voir d'inconvénient, non plus, à ce que des entreprises algériennes contractent des crédits de l'étranger mais à condition que cela se fasse dans les normes. Concernant la mobilisation des ressources internes, il annonce que l'opération de bancarisation des ressources financières du secteur informel, c'est-à-dire la conformité fiscale volontaire, durant quatre mois, et la mesure de paiement par chèque pour les achats de véhicules et de l'immobilier, respectivement supérieurs à 1 million et à 5 millions de dinars, ont permis de collecter 140 milliards de dinars. Le ministre annonce que des Portes ouvertes sur la fiscalité et les facilitations fiscales vont s'ouvrir au public à partir du 27 mars en cours, organisées par l'administration des Impôts pour rassurer les Algériens. Il fait savoir aux commerçants qui ont une dette fiscale et qui veulent s'en acquitter, que les pénalités de retard sont annulées. Il rappelle que l'Etat s'apprête à lancer, dans le courant du mois d'avril, un emprunt obligataire national, bonifié de 5%, pour financer des projets économiques majeurs, auquel sont invités à souscrire les acteurs économiques et les petits épargnants. Cette opération sera exclusivement dédiée à l'investissement économique et servira à financer des projets économiques. L'objectif est de maintenir le rythme de croissance. Pour cela, il faut mobiliser l'argent national. C'est une obligation souveraine destinée à l'investissement économique qui reste faible, a-t-il constaté, et qui est une priorité pour le gouvernement. Pour le ministre, l'acte d'investir devra être plus facile que l'acte d'importer. Il rappelle que les importations ont tourné parfois autour de 70 milliards de dollars. Il faut que ce chiffre recule, estime-t-il. Le ministre annonce qu'il n'y aura plus de domiciliation sur papier. La collaboration entre les Banques, les Douanes et les Impôts va permettre la gestion électronique des importations, sur la base de deux chiffres d'identification : le numéro d'identification fiscale (NIF) et le numéro d'identification nationale (NIN). Cela permettra, selon Abderrahmane Benkhalfa, de donner plus d'aisance aux professionnels et de traquer les surfacturations dont des dizaines de dossiers sont déjà en justice. Il annonce également la télé-déclaration pour payer les impôts. Autres thèmes évoqués par le ministre des Finances : les investissements directs étrangers, il pense que «l'Algérie sera La Mecque des IDE» ; la politique sociale de l'Etat est un acquis, c'est «une ligne rouge» à ne pas franchir ; le marché parallèle des devises, la Banque d'Algérie travaille sur le changement des règles de fonctionnement des bureaux de change ; la réforme bancaire et financière doit, selon lui, se poursuivre pour contribuer efficacement à la dynamisation de l'économie ; les banques disposent d'un stock de 7 000 milliards de dinars ; enfin l'Algérien ne doit plus laisser dormir son argent ou aller vers les trois «valeurs-refuges» que sont l'or, l'immobilier et la devise, il doit aller vers l'investissement.