Erreurs Le ministre des Finances a livré à l'opinion publique des chiffres alarmants sur la situation financière du pays. Puis s'est justifié en affirmant que l'énorme déficit du Trésor enregistré au cours des deux premiers mois de l'année en cours est dû à une dépense exceptionnelle : le paiement des restes à réaliser du programme de relance 2010-2014. En fait, ces annonces préparent l'opinion publique à des mesures plus douloureuses qui seront sans doute consignées dans la loi de finances complémentaire 2016. Un texte qui sera sans doute prêt en juin ou juillet, voire au plus tard en août 2016. L'Exécutif tentera d'ajuster par la LFC 2016 le niveau des dépenses par rapport à celui des recettes en vue d'empêcher l'extinction du Fonds de régulation des recettes dès l'été et la chute plus importante des réserves en devises. Le gouvernement va donc revoir sa copie. La promulgation de la loi de finances complémentaire constituera le prélude à une cure d'austérité qui sera plus sensible à partir du second semestre 2016. Il ne faut pas exclure dans ses dispositions une augmentation des impôts ou taxes et une réduction des subventions. Déjà pénalisés par les augmentations des prix des carburants et des tarifs de l'électricité, du gaz et des transports, les contribuables accepteront-ils que l'Etat touche de nouveau à leur poche ? Rien n'est sûr. En tout état de cause, cette LFC prolonge l'incertitude quant à la capacité de nos gouvernants à inverser de telles tendances. À la source de cette situation financière inquiétante, les erreurs de gouvernance commises dans les années 2000. Primo, le financement des grandes infrastructures par le budget de l'Etat alors que la pratique répandue dans le monde est la mobilisation de ressources financières hors Trésor public. Ce mode de financement est en partie à l'origine de l'énorme déficit budgétaire enregistré début 2016. Secundo, l'investissement n'a pas été libéré. Du coup, la facture importation n'a jamais été aussi importante qu'au cours de ces dernières années. Et le gouvernement éprouve de grandes difficultés à la réduire en dépit de l'institution de mesures de maîtrise du commerce extérieur telles que les licences d'importation. Les mesures arrêtées constituent aujourd'hui une épée dans l'eau, faute de solutions beaucoup plus audacieuses En un mot, le gouvernement a entre ses mains la possibilité, quitte à le répéter, de choisir un éventail de remèdes qui atténueront les effets de la crise sur la population. Ce qui inquiète, c'est plutôt l'immobilisme de nos gouvernants face à cette dangereuse situation. Faut-il que les caisses soient complètement vides pour assister à la mise en œuvre d'un véritable plan anticrise ? Par : K. Remouche [email protected]