Résumé : Maria s'angoisse tellement qu'elle ne trouve plus le sommeil. Son beau-père redevient brutal avec elle. Elle ne peut pas échapper à ses coups. Un soir, elle prie son petit frère d'aller voir sa grand-mère paternelle. Mohamed les surprend. Elle garde ses petits frères contre elle, comme pour se protéger des coups à venir... - De quoi parliez-vous ? - Rien, répond-elle. En fait, je leur demandais de ranger leurs affaires pour demain ! Maria devine que son beau-père a dû écouter derrière la porte. Une nouvelle querelle éclate entre eux. La jeune fille garde ses frères, refusant de lui donner l'occasion de la frapper. Elle porte encore les marques de ces coups dans son dos. - Ta mère ne reviendra plus. Elle est gravement malade. Autant vous y faire tout de suite ! Je ne crois pas qu'elle revienne sur ses jambes ! - Non, ne dis pas ça ! Elle va guérir ! - Tu peux toujours rêver ! Mais la réalité est là ! Que tu le veuilles ou non, c'est à toi de t'occuper tout à partir de maintenant et toute seule. Gare à vous si je trouve quelqu'un d'autre ici ! J'ignore ce que je ferais mais... Mohamed ne termine pas, mais la menace est claire. Maria ne peut que secouer la tête pour dire qu'elle a bien compris. - Si l'un de vous lui obéit et fait des cachotteries derrière mon dos, je lui donnerai une correction qu'il n'oubliera pas de toute sa vie ! Quant à toi, dit-il à l'intention de Maria, si tu fais quoi que ce soit qui va contre mes ordres, personne ne sera là pour m'empêcher de t'arracher la peau ! La jeune fille sent ses cheveux s'hérisser. Elle le croit. Il en serait fort capable. Il a cette lueur dans les yeux qui ne la rassure pas. Quand il quitte la pièce, elle soupire. Même ses frères ont eu peur. - Je ne partirais pas. Tu as vu comment il est devenu ?, murmure Wassim au bord des larmes. Tu as vu ses yeux ? - Chut, souffle-t-elle. Il pourrait nous entendre... Ils se mettent au lit, elle entre eux. Elle a aussi peur qu'eux. Plus que jamais sa mère lui manque. Lorsque ses frères finissent par s'endormir, elle peut enfin donner libre cours à ses larmes. Elle ne voulait pas qu'ils la voient aussi faible. Wassim dort, accroché à son bras. Elle ne parvient pas à fermer l'œil de toute la nuit. Elle pense à sa mère qu'ils n'ont pas vue depuis des jours et des jours. Elle vient de prendre une décision. Elle patientera encore un jour ou deux, et s'il ne revenait pas à la raison, elle partira chercher après sa mère. Il faut qu'elle la voie et qu'elle s'assure qu'elle est bien prise en charge à l'hôpital. Le temps lui semble long. Les heures lui paraissent des journées. Quand son beau-père rentre le soir, elle ne peut s'empêcher d'aller à lui pour prendre des nouvelles. - Tu es bien allé la voir ? Comment était-elle aujourd'hui ? Qu'ont dit les médecins ? - Oui, je suis parti, et non, elle ne va pas bien du tout ! Les médecins, c'est à croire qu'ils sont stupides pour ne pas trouver son mal ou qu'au contraire, ils la savent perdue et ils ne veulent rien me dire !, réplique-t-il. Mais vu son état, je dirais qu'elle a une maladie sans visage, sans nom ! Elle n'en a pas pour longtemps ! - Non, ne dis pas ça !, s'écrie-t-elle en larmes. Elle est jeune, c'est une battante ! Elle va guérir. Ma maman va guérir ! La jeune fille va dans la salle de bain et s'y enferme pour pleurer. Elle ne veut pas que ses frères la voient dans cet état. Ils sont si jeunes. Tout comme elle, ils ont besoin de leur mère. Elle ne peut pas imaginer sa vie sans elle. Ou vivre avec Mohamed sans elle... (À suivre) A. K.